finance inclusive
Mazamaesso Assih, ministre auprès du Président de la République, chargée de l’inclusion financière et du secteur informel

La Semaine africaine de la microfinance s’est officiellement ouverte à Lomé ce mardi. Au cœur de cette édition de Lomé, la finance inclusive et durable. Du 16 au 20 octobre, la SEM2023 offre une plateforme d’échanges et de réflexion aux différents acteurs pour faire de l’inclusion financière un levier de réduction des inégalités socio-économiques. Le Togo, hôte de l’évènement, a donné le ton à cette réflexion mardi lors du lancement officiel, en mettant la lumière sur ces choix et sa vision. Le Premier ministre, Victoire Tomegah-Domégah a assisté à cette ouverture officielle de la SAM à Lomé.

Le Togo a fait le choix de faire de la finance inclusive un outil de lutte contre l’extrême pauvreté (ODD1). Ainsi, à travers les mécanismes publics mis en place et piloté par le ministère auprès du Président de la République, chargé de l’inclusion financière et du secteur informel, le pays obtient des résultats qui, aujourd’hui, sont cités en exemple. Le pays hôte de la SAM2023 a d’ores et déjà atteint un taux d’inclusion financière de 95%.

Et pour cause, le pays a pris conscience « de l’extrême vulnérabilité des populations, et eu égard à la cartographie de la pauvreté de ses différentes régions, le Togo s’est très vite résolu à se doter d’un ministère dédié à la question fondamentale de la microfinance », a expliqué Mazamaesso Assih, ministre en charge du secteur. C’est donc à elle qu’est revenue la mission d’exposer aux participants de la SEM2023 la vision du pays. Selon la ministre Mazamaesso Assih, le Togo tient compte de la « la prise en compte des préoccupations majeures des concitoyens à travers les mécanismes rodés de gestion du quotidien des personnes concernées » pour mettre en place des mécanismes d’inclusion. Et,  pour le pays, a-t-elle ajouté, « la lutte pour la réduction sensible de la pauvreté commande de tenir compte des chocs exogènes auxquels font face, gouvernants comme administrés » ; ce qui « imposent le choix réaliste d’un travail pragmatique dans le but de réduire à sa plus simple expression l’impact de la pauvreté sur nos populations. »

Pour les autorités togolaises, la lutte contre la pauvreté et les vulnérabilités sociales ne saurait se faire sans l’inclusion financière. Car, soutient la ministre Assih, « elle s’est avérée comme un mécanisme sécurisé, efficace et concret. »

Innovation, gage de durabilité

Olivier Kouete, directeur général et cofondateur de la fintech BTF

Le rendez-vous de Lomé appelle à repenser les services financiers. L’innovation étant un facteur de durabilité qui permet de construire des économies résilientes. Acteurs clés de l’innovation, les fintechs sont au cœur de la transformation des services financiers. Pour permettre à ces acteurs de jouer pleinement leur rôle, des défis restent à relever. Olivier Kouete, directeur général et cofondateur de la fintech BTF suggère plusieurs pistes de solutions. Il appelle « à une synergie entre les acteurs. » Pour lui, « les banques et les fintechs doivent travailler ensemble pour accélérer l’inclusion financière. » Agiles, audacieuses et entreprenantes, les fintechs malgré leur capacité à relever les défis sont aussi ralenties dans leur élan par des régulations bien souvent rigides et inadaptées au secteur de l’innovation.

Olivier Kouete pense que les évènements comme la SAM permettent de mettre en place différents acteurs afin de discuter du déblocage des nœuds critiques sur le continent. Sa fintech est spécialisée dans le développement et l’exploitation de solutions technologiques financières ciblées sur les besoins de l’Afrique. L’ambition que nourrit BFT est de « jouer un rôle significatif dans le secteur financier en accroissant l’autonomie financière de la population africaine grâce à des solutions adaptées aux besoins des africains. » Le rendez-vous de Lomé offre aussi l’occasion au cofondateur de BFT de plaider pour l’investissement dans les fintechs qui, elles-mêmes, ont d’énormes défis à relever comme : la sécurisation de leurs solutions, leur déploiement et même le financement de leurs activités.

Comme plusieurs autres fintechs présentes à la SAM 2023, BFT répond à l’appel de l’inclusion financière et se lance comme défi : « devenir le partenaire privilégié des sous-régions africaines d’ici 2026 pour le développement économique, social et technologique grâce à des solutions innovantes. »

ADA, ambassadrice de la finance inclusive

finance inclusive

Susciter des engagements. C’est aussi qui entre dans la vision de l’Appui au développement autonome (ADA). L’ONG luxembourgeoise initiatrice de la Semaine Africaine des Microfinances s’est donnée pour mission « d’utiliser la finance inclusive pour renforcer l’autonomie des populations vulnérables en Afrique, Amérique centrale et Asie du Sud-Es. » Une manière pour l’ADA de contribuer à l’atteinte des ODD. « Nous nous voyons comme les détecteurs des évolutions à venir et les précurseurs de ces évolutions. Nous travaillons à rendre plus inclusifs les instruments financiers avec plus d’impact pour atteindre les ODD », a confié Patrick Losh, président du Conseil d’Administration de l’ADA à l’ouverture officielle de cette 6ème édition de la SAM.

Le ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Grand-Duché du Luxembourg, Franz Fayot présent à l’ouverture officielle de la SAM 2023 s’est félicité de voir « la SAM devenir l’évènement phare de la finance inclusive en Afrique, avec une participation record de plus de 1000 participants à Lomé. » Il a rappelé que  « la place financière du Luxembourg est aujourd’hui le 1er centre de fonds d’investissement d’impact en Europe et le 2è dans le monde après les Etats-Unis.» Depuis une trentaine d’années, le Luxembourg met son savoir-faire au profit d’autres écosystèmes pour une performance en matière de finance inclusive.

Carlos Tobias