L’accident causé sur la nationale N°1 suite à la chute de la passerelle piétonne ayant créé huit morts et trois blessés graves était au cœur du conseil des ministres de ce lundi. Le drame qui a suscité émoi et indignation a conduit à l’ouverture d’une enquête par le procureur de la République.
Selon le gouvernement, les responsabilités pénales seront établies dans ce drame qui a occasionné le décès de huit personnes et trois autres blessés graves. Le drame a été provoqué par un camion transportant une cuve de gaz surdimensionné. De quoi dire qu’il devra avoir une suite juridique à cette affaire. Une commission sera mise en place pour faire la lumière sur les circonstances du drame.
Dans ce cadre, le responsable de la société propriétaire du camion-citerne est placé en garde à vue, après avoir été entendu par la police judiciaire. Il est annoncé un accompagnement de l’Etat pour les victimes et leurs familles. Le gouvernement annonce « des mesures immédiates sont prises pour veiller au respect strict du cahier des charges des entreprises attributaires des travaux pour conduire une inspection de l’ensemble des passerelles pour renforcer le dispositif de contrôle de la charge à l’essieu et de gabarit des véhicules transportant des marchandises et pour déployer des services de police pour la détection des véhicules hors norme en circulation sur les voies publiques. »
Questionnements
La liste des bonnes intentions du gouvernement après ce drame pose la question de l’anticipation. En reconnaissant que le camion-citerne à l’origine du drame avait un gabarit irrégulier, le gouvernement ouvre la voie à plusieurs questionnements. Depuis combien de temps ce camion-citerne est-il en circulation ? Le jour du drame, quel a été son axe de circulation ? Y’a-t-il eu sur son trajet des services de police ou de gendarmerie chargés de la sécurité routière ? Dans quelle condition ce camion-citerne aurait-il reçu une autorisation de circuler et par quelle entité, puisqu’il circulait au vue et au su de tous !
Dans sa sortie, le gouvernement annonce également un contrôle strict des cahiers des charges des entreprises chargées des travaux des passerelles piétonnes. Question : de pareils contrôles ont-ils déjà été faits ou non ? Qui en étaient les acteurs et quels ont été les rapports d’expertise. Et si des contrôles nécessaires n’avaient pas été faits, pourquoi et qui devra en répondre ?
Evaluation des risques
Les accidents de circulation peuvent avoir plusieurs causes. Des défaillances humaines, d’infrastructures ou des engins peuvent pourtant être évitées. A l’instar du drame d’Agoe-Zongo dont l’enquête judiciaire situera exactement les causes et les responsabilités, l’évaluation des risques et l’anticipation aussi bien des usagers, des pouvoirs publics, des services de sécurité permettraient de faire l’économie des vies fauchées.
Il faut en faire plus pour prouver que la sécurité routière est une réelle préoccupation au Togo. Avec des panneaux de signalisation absents, notamment les feux de signalisation hors usages, des routes accidentées à plusieurs niveaux, des axes non-éclairés ou mal éclairés, des ralentisseurs érigés sans signalisation à des endroits, la sécurité routière semble être banalisée à plusieurs niveaux. Les autorités togolaises doivent revoir enfin se décider à réellement mettre en place les mécanismes nécessaires pour rendre les routes moins dangereuses et plus sûres. Cela passe aussi par la capacité à faire respecter les règles de sécurité et le code de la route par les usagers.
La société civile monte au créneau
Pour la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), « cet incident tragique rappelle une fois de plus l’importance vitale de la sécurité des infrastructures publiques. » Tout en demandant un audit rigoureux de la qualité des ouvrages comme annoncé par le gouvernement lui-même, la LCT va plus loin : « il est impératif que des mesures soient prises pour garantir que de tels accidents ne se reproduisent plus. » « La sécurité des usagers doit être une priorité » exige la Ligue des consommateurs du Togo. En attendant de voir ce vœu se réaliser, les responsables de la LCT compatissent à la douleur des familles endeuillées.