Après avoir annoncé ce lundi 15 avril l’envoi d’une mission exploratoire au Togo en prélude aux élections législatives et régionales programmées le 29 prochain, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) change de fusil d’épaule.
Le double scrutin législatif et régional aura lieu le lundi 29 avril. La presque quasi-totalité de la classe politique s’y est engagée. La campagne, elle, a commencé depuis ce samedi dans une atmosphère tendue. A cause donc de l’adoption, quelques semaines plutôt, d’une nouvelle Constitutionnelle basculant le pays dans la 5è République.
Rétropédalage
Le contexte politique est tel que Faure Gnassingbé, le chef de l’Etat, a renvoyé le texte de la révision constitutionnelle à l’Assemblée nationale pour une relecture. La tournée d’information effectuée par des députés afin d’expliquer la portée du changement de la Loi fondamentale ne change rien à la crise suscitée par l’adoption de la nouvelle Constitution.
C’est donc dans ce contexte politique morose que la campagne électorale pour les législatives et régionales du 29 avril prochain a démarré sur l’ensemble du territoire.
Sentant un réel risque à venir, la CEDEAO a annoncé ce 15 avril l’envoi d’une mission dite exploratoire à Lomé, destinée à tenter d’appeler les uns et les autres à la retenue, à l’apaisement. Elle assure, sur son compte X, anciennement Twitter, « interagir avec les principales parties prenantes sur les derniers développements dans le pays », jugeant « nécessaire » de dépêcher une délégation au Togo, un pays « crucial », qualifie-t-elle.
Et ce n’est pas tout. La CEDEAO reconnaît que les législatives et régionales qui devaient se dérouler le 13 avril ont été reportées, précise-t-elle, « en raison de la gravité des réformes constitutionnelles controversées que le gouvernement prévoyait d’introduire.»
Vingt-quatre heures plus tard, l’institution communautaire fait volte-face. Elle ne parle plus d’une mission exploratoire mais d’information. Pourquoi ce changement brusque, avec la suppression du message diffusé sur ce réseau social ?
Désormais, dans un nouveau communiqué, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest explique que sa mission d’information, conduite par le Nigérien Maman Sambo Sidikou, un ancien représentant de l’Union africaine au Sahel, va durer jusqu’au 20 avril. Et aura pour rôle d’« entreprendre une évaluation préélectorale conformément aux textes communautaires et ne s’engagera dans aucun autre processus comme indiqué dans un communiqué antérieur, qui a été retiré.»
« Manque de courage »
C’est surprenant ce rétropédalage de l’institution communautaire. Bien qu’elle ait reconnu clairement « la gravité des réformes constitutionnelles controversées que le gouvernement prévoyait d’introduire » au Togo, elle n’a pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de sa logique. Un manque de courage qui n’étonne pas les Togolais.
Kossivi ADJOGBLE