En pleine campagne électorale sur fond de crise politique, les Togolais ont découvert le 15 avril l’annonce d’une mission dite exploratoire de la CEDEOA au Togo. L’objet annoncé de cette mission est « d’interagir avec les principales parties prenantes sur les derniers développements dans le pays avant les élections législatives et régionales du 29 avril 2024. » L’institution régionale faisait ainsi référence à la tension politique suscitée par l’initiative unilatérale du parlement pour le changement de la constitution du pays. Le lendemain, la CEDEAO est revenue sur cette annonce, en évoquant toute une autre raison pour sa mission.
La CEDEAO a donc retiré l’annonce de ces canaux de communications plus tard. Le lendemain, l’organisation est revenue sur le sujet, avec un autre communiqué, écartant le premier objectif annoncé pour sa mission.
L’annonce faite le 16 avril reformule l’objet : «la Mission entreprendra une évaluation préélectorale conformément aux textes communautaires et ne s’engagera dans aucun autre processus comme indiqué dans un communiqué antérieur, qui a été retiré. » A Lomé, cette volte-face de la CEDEAO fait l’objet de railleries par les uns, de critiques par les autres. Certains commentaires évoquent la preuve que l’organisation sous régionale n’est pas préoccupée par la crise provoquée par l’Assemblée nationale en fin de mandat.
Et pour cause, en annonçant son arrivée le 15 avril, la CEDEAO a clairement évoqué la gravité de la situation. « Initialement prévues le 13 avril, les élections ont été reportées au 20 avril, puis au 29 avril en raison de la gravité des réformes constitutionnelles controversées que le gouvernement prévoyait d’introduire. Ces réformes adoptées par l’Assemblée nationale, visaient à transformer le système politique togolais du système présidentiel au modèle parlementaire. Dans ce contexte crucial, la Commission de la CEDEAO a jugé nécessaire de dépêcher une mission exploratoire au Togo. » En revenant sur cette annonce publiée dans un communiqué truffé de coquilles, l’institution s’est-elle trompée de mission ?
Légèreté diplomatique ?
C’est un secret de polichinelle pour les Togolais qui ont encore en mémoire le résultat mitigé de la CEDEAO dans la dernière crise politique majeure du pays en 2017-2018.
La mission exploratoire ajournée devrait se tenir du 15 au 20 avril. Elle était censée rencontrer « les principales parties prenantes au processus électoral, notamment les responsables des institutions et agences de l’Etat, les partis politiques, l’organe de gestion des élections, les organisations de la société civile, les médias, et les partenaires. »
Finalement, la CEDEAO se contentera d’une mission « d’information en conformité avec les dispositions de l’article 12 du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CEDEAO de 2001, de l’article 53 (c) du Cadre de prévention des conflits de la CEDEAO et de la Décision de l’Autorité des Chefs d’État et de Gouvernement autorisant les missions préélectorales dans les États membres qui organisent des élections. » Selon le communiqué annulant la mission d’exploration, la nouvelle mission se tiendra à la même date, du 15 au 20 avril. Les élections sont pourtant prévues le 29 avril.
En assumant avoir retiré son premier communiqué, la CEDEAO avoue s’être trompée de mission au Togo, même si des voix s’étaient élevées pour interpeller l’organisation sous régionale. Cette dernière annonçait se déplacer à Lomé « en partie en réponse à une invitation du gouvernement togolais.» Un autre point qui n’a pas échappé à l’attention des critiques. En lieu et place d’une mission exploratoire, la CEDEAO a fini par opter pour une mission d’information !
Justin AMEDE