TVM, carburant, constitution
Lomé, carrefour GTA

Les Togolais retiennent leur souffle. Pour eux, la semaine s’annonce chargée sur le plan sociopolitique. Une suite de ce qui a débuté depuis mi-août et qui a comme toile de fond, les réformes constitutionnelles. Deux duels sont attendus dans les rues les 20 et 21. De quoi crisper davantage l’atmosphère.

Au rond-point GTA à Lomé, à quelques 500m du Palais présidentiel (archives)
Au rond-point GTA à Lomé, à quelques 500m du Palais présidentiel (archives)

L’appel de la CEDEAO reste inaudible au Togo dans la résolution de la crise politique déclenchée mi-août. La semaine dernière, pouvoir et opposition se sont accrochés au parlement ; avec comme pic vendredi, de l’adoption du projet de loi sur les réformes sans l’opposition parlementaire. Cette dernière a vu rejeter ses amendements, a-t-on appris de plusieurs sources. L’opposition voulait un amendement de 47 articles. Réformes ou retour à la constitution de 1992 ? Le pouvoir togolais opte pour le premier cas avec 3 articles à modifier, l’opposition demandait elle-aussi des réformes ; sauf que depuis mi-août, elle semble en demander davantage, un retour au texte de 1992. Logique dans laquelle ses amendements auraient été formulés et donc rejetés par le gouvernement. Ce qui fait craindre un duel sans merci dans les jours qui viennent autour des réformes souhaitées.

Réformes constitutionnelles : le débat dans la rue

Face à ce qui se profile désormais comme un blocus au parlement, la rue reprend le débat. Dans le contexte actuel des choses, l’opposition certainement ne se joindra pas aux députés de la majorité pour adopter le texte du gouvernement. Et pour cause, entres autres revendications, la phrase devenue célèbre « en aucun cas nul ne peut faire plus de deux mandats » qu’elle voudrait voir insérer dans le texte ; en l’article 59. Et au-delà, des voix demandant le départ pur et simple de l’actuel président. Le pouvoir de Lomé ne l’entend pas de cette oreille et crie à une demande anti-démocratique. A cette cacophonie s’ajoute le fait que la majorité ne dispose pas des 4/5 des sièges pour opérer seul les réformes.

Alors, c’est la rue qui semble être le recours des politiques ; en attendant un éventuel référendum-puisque l’idée n’est pas exclue et a été évoquée par le gouvernement-. D’abord, les contestataires du pouvoir qui, les 20 et 21 veulent de nouveau crier leur ras-le-bol. Aux mêmes dates, le parti UNIR devraient sortir ses militants pour soutenir le projet gouvernemental. Deux duels que l’ont souhaite du côté de Lomé pacifiques. Si le Togo, dans le discours conjure la violence depuis les événements de 2005 ; cette volonté reste moins certaine lorsque ces mêmes discours sont passés à la loupe !

Des appels à peine voilés à la violence

Pour le gouvernement, l’opposition cherche à faire obstruction à l’adoption du projet de réformes et créer un climat délétère. Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique, dans le rôle de porte-parole du gouvernement l’a exprimé sur RFI vendredi ; avant même le démarrage de l’étude du projet de la loi des réformes en commission. Une réaction aux déclarations de Jean-Pierre Fabre sur la même radio la veille où le chef de file de l’opposition qualifiait de ‘’provocation’’ la proposition du gouvernement. Et Jean-Pierre Fabre ajoutait dans son interview, en réagissant sur le projet de réformes du gouvernement : « c’est une manœuvre de diversion pour désamorcer la tension dans le pays. Il n’ya rien de séreux la dedans, ça va plutôt envenimer la situation ; ce qui n’est pas une mauvaise chose d’ailleurs. Nous allons nous remobiliser pour obtenir ce que nous voulons, le départ du chef de l’Etat. »

Sur BBC vendredi, Christophe Tchao, président du groupe parlementaire UNIR au parlement semble avertir avec ce qui sonne comme une mise en garde : « nous disons une chose, si ce Togo brûle, nous brulerons tous » ; avant d’inviter les acteurs politiques à opter pour le dialogue. Un dialogue dont l’opposition dit être fatiguée. « Débarrassons-nous de ce qui est un cauchemar pour le Togo », lançait Jean-Pierre Fabre toujours sur Rfi, dans son interview.

Les réseaux sociaux surexcités, Internet de nouveau coupé ?

Si la crise togolaise devrait se régler sur internet, plusieurs togolais se seraient battus à sang. Sur la toile, il n’existe presque pas de voix pour des modérés. Internet, sur le Togo, reste soit pro ou antisystème. La crise née des revendications sur les réformes a accentué la vague de violences verbales sur les réseaux sociaux au Togo.

Agacés par cette virulence verbale, des internautes ironisent et trouvent qu’il est bien plus facile de commander une révolution depuis son fauteuil ou de narguer le reste des togolais derrière Internet. Au cœur de la guéguerre, facebook et whatsapp. Les messages révolutionnaires y circulent dans tous les sens. Insultes, mépris, intimidations… la crise togolaise rime aussi avec un usage accru d’Internet. Et comme lors des dernières manifestations, des rumeurs circulent déjà sur d’éventuelle coupure d’Internet la semaine qui s’ouvre. Au grand malheur de ceux qui, loin de toutes les péripéties politiques, voudraient juste bénéficier d’un service Internet à des fins professionnelles.

Ben Souleyman