Le HCRRUN franchit une nouvelle étape de sa mission pour la réconciliation nationale. Ce mardi 10 décembre, un espace de réflexion sur les réparations mémorielles s’est ouvert à Lomé. Cet atelier national d’échanges et de renforcement des capacités sur les réparations mémorielles au Togo s’étendra sur trois jours, avec pour objectif, une meilleure compréhension des populations togolaises et décideurs et une vision partagée sur les réparations mémorielles.
Faire un pas de plus vers la guérison des mémoires. C’est un autre volet du programme de réparation nationale dont le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) est le garant. Cette « sensible et délicate question des réparations mémorielles au Togo » va meubler les échanges de l’atelier ouvert mardi 10 décembre, selon la présidente de ladite institution, Awa Nana-Daboya. Cette assise nationale rassemble plusieurs participants issus de différents horizons et s’inscrit dans une dynamique visant à faire face au passé douloureux du Togo et à construire un avenir plus juste et plus équitable.
Les acteurs de la société civile, des historiens, des juristes et des représentants du gouvernement sont réunis autour d’un enjeu crucial : les réparations mémorielles. Dans le cadre des violences connues par le Togo de 1958 à 2005, le HCRRUN mène déjà des actions de réparations individuelles déclinées sous forme de prise en charge médicale et psychologique et d’indemnisation des victimes et les réparations communautaires et collectives. A la suite de celles-ci, l’institution « a jugé pertinent d’élargir le champ de ses activités en y ajoutant les réparations dites mémorielles telles que proposées au gouvernement à travers les conclusions de la CVJR » (ndlr Commission Vérité Justice et Réconciliation) justifie la présidente du HCRRUN.
Dans son exposé inaugural, le Professeur Essohanam Batchana, Enseignant chercheur à l’Université de Lomé renchérit pour dire que le « devoir de mémoire est un rempart contre le retour à la violence.»
Il sera donc question, d’aborder en profondeur le cas spécifique du Togo pour éplucher la lettre et l’esprit des réparations mémorielles, en dégager les enjeux et défis et procéder, au regard des textes qui régissent le pays, à une ébauche sur les rôles que sont appelés à jouer les différents acteurs.
Au sortir de cet atelier, des approches crédibles susceptibles de rassembler les Togolais autour d’une mémoire moins conflictuelle et porteuse d’espérance pour un avenir plus harmonieux sont attendues. Les réparations mémorielles constituent un des volets de la justice réparatrice en matière de justice transitionnelle.
La CVJR socle du HCRRUN au nombre de ses recommandations proposait une gamme de réparations mémorielles dont la mise en œuvre réussie pourra, à terme, permettre de guérir les blessures d’ordre mémoriel. L’on peut retenir, à cet égard, la recommandation N°43 où la CVJR préconise entre autres, que « des rues et places publiques, dans toutes les villes du pays, pourront être rebaptisées des noms de victimes, pour leur rendre hommage et rappeler à la mémoire collective que plus jamais, les actes douloureux dont elles ont été l’objet ne se reproduiront plus au Togo ». La CVJR a également suggéré dans sa recommandation N°46 qu’un « hommage soit rendu à certaines personnalités disparues qui ont occupé des postes de responsabilité importants et rendu service à la nation togolaise ».
Par ailleurs, elle a recommandé l’érection de monuments et de stèles en mémoire des victimes des violences sociopolitiques et l’organisation de commémorations diverses pour rappeler au peuple togolais les grands événements qui ont marqué son évolution ainsi que les femmes et les hommes qui en étaient les principaux acteurs.