réconciliation nationale

Le HCRRUN a clôturé ce jeudi l’atelier national d’échanges et de renforcements des capacités sur les réparations mémorielles en justice transitionnelle. A la sortie des trois jours de réflexions, les participants ont formulé des recommandations à l’intention des acteurs sociopolitiques du pays.

Après trois jours de réflexion, de nouvelles perspectives se dessinent pour la réconciliation nationale au Togo. La présidente du HCRRUN a estimé « qu’une nouvelle page de la mise en œuvre des réparations mémorielles s’ouvre. » Elle a émis le vœu de voir ce processus inclusif. C’est pourquoi Awa Nana-Daboya a invité les participants à « partager avec nos concitoyens les leçons apprises de la rencontre. » Le but étant de réussir un processus réellement inclusif.

Les trois jours de rencontre se sont achevés avec un appel des participants dont voici l’intégralité.

ATELIER NATIONAL D’ECHANGES ET DE RENFORCEMENT

DE CAPACITES SUR LES REPARATIONS MEMORIELLES

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APPEL DES PARTICIPANTS

AUX ACTEURS SOCIOPOLITIQUES DU TOGO

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Le Togo a traversé des périodes de violences politiques, de violations des droits de l’homme et de souffrances collectives. Pour avancer vers une véritable réconciliation et construire une société plus juste, plus démocratique et apaisée, il est essentiel de mettre en place des actions de réparations mémorielles. Ces réparations visent à reconnaître les souffrances passées, à rendre hommage aux victimes et à restaurer la dignité des personnes affectées et la mémoire collective du Togo.

Pour l’atteinte de ces objectifs et dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de la CVJR, le HCRRUN a organisé du 10 au 12 décembre 2024 à l’hôtel du 2 Février à Lomé, un atelier national d’échanges et de renforcement de capacités sur les réparations mémorielles.

Au terme des échanges riches d’expériences et d’enseignements et considérant les propositions et suggestions issues des panels et des travaux en commissions, l’atelier lance un appel :

I- A l’endroit des pouvoirs publics

  • Veiller à mener à terme le processus de réconciliation et de justice transitionnelle au Togo conformément à la volonté politique affichée et maintes fois réaffirmée des plus Hautes Autorités du pays et de l’ensemble de la classe politique nationale.
  • Poursuivre les efforts de mise à disposition des ressources humaines, matérielles et financières adéquates pour l’exécution du programme de réparation.
  • Examiner la possibilité d’élaborer une politique en matière de réparation mémorielle.
  • Elaborer une réglementation en matière de réparation mémorielle par l’adoption de lois adéquates.
  • Elaborer et intégrer dans les programmes scolaires des modules concernant les réparations mémorielles.
  • Edifier des monuments et dénommer des lieux de mémoire en hommage aux victimes des violences politiques.
  • Organiser des journées commémoratives pour honorer la mémoire des victimes.

II- A l’endroit des partis politiques

  • Poursuivre et intensifier le dialogue inclusif entamé depuis l’Accord Politique Global (APG).
  • Promouvoir un discours politique qui favorise la réconciliation nationale et qui proscrit la haine et la division.
  • Offrir des formations aux membres des partis sur les droits humains et la culture du pardon.
  • Veiller à la mise en œuvre effective de la recommandation 41 de la CVJR relative aux excuses publiques des partis politiques.
  • Intégrer des propositions concrètes de réparations mémorielles dans les programmes politiques futurs des partis politiques et les transmettre au besoin au HCRRUN en guise de contribution.
  • Œuvrer à mettre en lumière et reconnaître les souffrances des victimes.
  • Inclure dans les programmes politiques des engagements clairs sur la reconnaissance des violences passées et la volonté de réparation.

III- A l’endroit des organisations de la société civile

  • Renforcer les actions de plaidoyer auprès du HCRRUN pour que toutes les victimes identifiées par la CVJR soient reconnues et pour que leurs droits aux réparations mémorielles soient respectés.
  • Mener des campagnes de sensibilisation sur les conséquences des violences politiques et l’importance de la mémoire collective.
  • Favoriser la coopération entre les différentes organisations de la société civile et le HCRRUN, d’une part, avec les victimes d’autre part, pour construire un mouvement cohérent en faveur des réparations mémorielles.

IV- A l’endroit des médias

  • Les médias doivent fournir une couverture équilibrée et informée des questions de réparations mémorielles, en évitant de minimiser l’impact des violations passées.
  • Faciliter des discussions publiques sur les réparations mémorielles et le respect des droits humains à travers des émissions, des articles et des fora.
  • S’assurer que la couverture médiatique des questions de réparations mémorielles soit respectueuse et empathique envers les victimes.

              Fait à Lomé, le 12 décembre 2024

              Les participants