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Manifestations à Lomé, 6 juin 2025

Depuis plusieurs semaines, des Togolais montent le ton pour exprimer leur ras-le-bol face à la situation économique et socio-politique du pays. La contestation a pris une nouvelle tournure depuis l’arrestation de l’artiste Aamron. Cette arrestation a semblé être la goutte d’eau qui fait déborder la coupe de tous ceux qui ont à dire sur la mal gouvernance du pays, l’arbitraire et le musèlement des voix critiques. Ironie du sort, c’est la célèbre phrase « nous sommes fatigués » du ministre togolais des affaires étrangères, prononcé du haut de la tribune des Nations unies, qui est reprise par la rue et l’ensemble de ceux qui expriment leur malaise vis-à-vis de la situation du pays.

Arrestations, intimidations, vie chère…des Togolais se disent fatigués et l’expriment désormais de vive voix ! Le silence semble être brisé. Toutes et tous reprochent à ceux qui dirigent le Togo de ne pas être en phase avec les difficultés quotidiennes des populations. Les 5 et 6 juin derniers, plusieurs centaines de Togolais étaient dans les rues pour exprimer leur mécontentement face à la morosité qui règne dans le pays. Des faits dénoncés de manière crue par l’Artiste Aamron et qui a été arrêté en pleine nuit chez lui et placé en détention psychiatrique. Cette arrestation a fait sortir de leur réserve des personnes jusqu’ici silencieuses, inconnues et qui ne se sont jamais prononcées sur la vie politique du pays, comme pour dire assez !

Ainsi donc, sur un appel de bloggeurs et de personnalités du monde culturel, de citoyen lambda, la rue s’est déchaînée pour contester les méthodes dites abusives du pouvoir de Lomé et « réclamer la libération de l’artiste et celle du pays entier.»

Le virtuel comme option

Pour l’instant, c’est sur les réseaux sociaux que la grogne monte le plus. Dans un pays où les manifestations politiques dans les rues ont été longtemps empêchées ou réprimées, ce sont donc les réseaux sociaux qui sont devenus les canaux d’expression du désaccord entre gouvernants et gouvernés. A visage découvert, des Togolais prennent la parole et disent tout haut ce qui semblait impossible il y a encore quelques semaines. Dans la foulée des manifestations du 6 juin, une vague de profils rouges a envahi le fil des réseaux sociaux dans le pays ; certains ont adopté le logo de la marque de l’artiste Aamron (Be Brave Being). Bien d’internautes (enfants, jeunes, femmes, hommes et personnes âgées) interpellent directement Faure Gnassingbé devenu depuis peu président du Conseil (des ministres) à la faveur de la 5è République, l’autre sujet de crispation politique.

Ce qui change, c’est que pour la première fois, les manifestants ont clairement demandé aux politiques (de l’opposition) de se mettre à l’écart du mouvement. Les indignés en appellent à la démission du président du Conseil et de l’ensemble de ceux qui dirigent le pays. Cela fait des années que de telles revendications n’ont pas été formulées à haute voix au Togo. Mais comme nous le disions, les voix qui s’élèvent aujourd’hui reprennent toutes en refrain : « Nous sommes fatigués », cette phrase qu’avait prononcé le ministre togolais des Affaires étrangères à la tribune de l’ONU en septembre 2023, pour exprimer le ras-le-bol d’un certain courant panafricaniste vis-à-vis du dictat de l’occident. A leur tour, les citoyens togolais se disent fatigués des dictats de leurs gouvernants !

Sans surprise, côté gouvernement, des institutions ont dénoncé la publication de messages de haine sur les réseaux sociaux. Lundi, la justice s’est prononcée sur les arrestations lors des manifestations. Cependant, aucune d’elles n’a évoqué l’arrestation de l’artiste qui a provoqué la colère de la rue, dans un contexte tendu où récemment la compagnie d’énergie électrique du Togo a enfoncé le clou en annonçant une hausse du prix de l’électricité. Tout cela a suffi pour qu’il y ait de l’électricité en l’air dans le pays.

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