George Weah
George Weah a reconnu sa défaite vendredi aux élections présidentielles du Libéria

George Weah ne  mettra pas à feu et à sang le Libéria pour s’agripper au pouvoir. L’ex-international du football, devenu président de son pays avec l’admiration de plus d’un, inscrit de nouveau en or son nom dans l’histoire du continent, à l’instar de son ballon d’or en 1995; en reconnaissant sa défaite vendredi soir aux élections présidentielles. Chose plutôt rare sur le continent et au moment où d’autres chefs d’Etat sur le continent optent pour des mandats sans limite à la tête de leurs pays.

George Weah a reconnu sa défaite à la présidentielle libérienne et a passé un coup de fil à son adversaire politique Joseph Bokai. Le désormais président sortant s’est adressé à ses concitoyens sur la radio nationale et s’est félicité « de la victoire du Libéria. » George Weah ne s’est pas laissé contaminer par le virus de longévité au pouvoir qui circule depuis des années sur le continent, notamment en Afrique de l’Ouest. Il perpétue ainsi une tradition de paix réellement exprimée dans les actes, lui qui a également succédé à Ellen Johnson Sirleaf il y a donc 5 ans ; et qui a toujours été publiquement contre les 3è mandats sur le continent.

George Weah, c’est aussi le premier footballeur africain à remporter un ballon d’or et le premier à accéder à la magistrature suprême de son pays. Il ne laissera donc pas la politique briser tout ce qu’il a pu construire sur ces deux terrains de jeux à forts enjeux et où la célébrité et le pouvoir influencent négativement plus d’un !

L’alternance politique en marche

Le Libéria sorti d’une guerre civile de près de deux décennies peut désormais se féliciter de donner un sens à la vie politique en Afrique où des pouvoirs en place manigancent pour s’accrocher au pouvoir ; avec des bilans catastrophiques sur tous les plans.

Le cas libérien est donc une nouvelle leçon de démocratie face au fléau de pouvoir sans limite auquel aspirent plusieurs dirigeants sur le continent. Si le bilan économique de George Weah peut être discuté, il a aujourd’hui le mérite de céder sa place à son adversaire politique qui aura l’occasion d’apporter lui aussi sa part d’intelligence à l’amélioration de la situation socio-économique et politique du Libéria. Joseph Boakai remporte donc les élections présidentielles avec plus de 50% des voix contre 49% pour le président sortant.

Il y a ce dicton machiavélique connu sur le continent, notamment en Afrique francophone : « on n’organise pas les élections pour les perdre. » Au Libéria, ce slogan de politiciens égoïstes capables de marcher sur la ruine de leurs pays pour parvenir à leur fin ne fera pas écho favorable. Et c’est un pays anglophone qui, une nouvelle fois, réussit des élections présidentielles sans violence, ni fraudes massives ; encore moins sans vies humaines fauchées. L’Afrique peut donc espérer que tout n’est pas perdu et qu’il existe encore sur le continent des hommes et femmes de pouvoir pour qui la politique n’est pas une fin en soi.

Carlos Tobias