Le processus d’immatriculation des entreprises se fait désormais via le site du Centre de Formalités des Entreprises (CFE), accessible sur www.cfetogo.tg, en moins de quatre heures de temps.
Lancé dans le cadre des réformes économiques, le site du CFE simplifie considérablement les démarches pour les entrepreneurs togolais. Désormais, via cette plateforme, il est possible de vérifier la disponibilité du nom de l’entreprise, déposer les statuts juridiques, payer les frais administratifs en ligne et recevoir les documents d’immatriculation sans déplacement.
L’un des grands atouts de cette réforme est son accessibilité. Même les entrepreneurs vivant en dehors de Lomé peuvent immatriculer leurs entreprises sans avoir à se déplacer ; ce qui favorise la formalisation des activités dans les régions.
Selon Samuel Sanwogou, directeur du CFE, cette innovation réduit drastiquement les lourdeurs administratives. « Vous pouvez créer votre entreprise en moins de 4 heures. Depuis février 2019, vous pouvez créer votre entreprise à travers Flooz et Tmoney ( moyens de paiements en ligne). Et depuis septembre 2019, nous avons inclus le paiement par MasterCard ou par Carte Visa. Si vous êtes en Europe, en Amérique ou au Togo, vous pouvez aller sur le site web du CFE et créer votre entreprise », rappele-t-il lors de la publication du rappport Doing Business 2020 de la Banque mondiale.
Cette avancée n’est pas passée inaperçue à l’échelle internationale. Grâce à cette digitalisation, le Togo a progressé dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, notamment en matière de création d’entreprise. La suppression des tracasseries administratives et la réduction des coûts ont encouragé davantage d’entrepreneurs à sauter le pas.
En 2018, moins de 10.000 entreprises étaient enregistrées chaque année. Depuis la mise en place du portail numérique, ce chiffre a triplé. En 2024, 14 919 nouvelles entreprises ont été créées, d’après le CFE.
Les Togolais restent largement les principaux acteurs de cette dynamique entrepreneuriale, avec 12 371 structures enregistrées en 2024. Quant aux entreprises portées par des étrangers, elles s’élèvent à 2 548, en légère baisse annuelle (-2 %).
L’un des points positifs majeurs de 2024 est l’augmentation du nombre d’entreprises créées par des femmes. L’année dernière, 4 450 sociétés ont été portées par des entrepreneures, soit 30 % du total. Par rapport à 2023, cela représente une progression de 3,5 %.
Bien que le nombre d’immatriculations ait enregistré une baisse de 13 % par rapport à l’année précédente (15 654 entreprises en 2023, un record historique), il s’agit néanmoins de la sixième année consécutive avec plus de 10 000 nouvelles entreprises enregistrées. Cette performance est le fruit des multiples réformes engagées par le pays, notamment la procédure en ligne, qui a considérablement simplifié la création et la formalisation des entreprises, tout en améliorant le climat des affaires.
Des entrepreneurs conquis par la réforme
De nombreux entrepreneurs saluent cette modernisation qui leur a permis d’officialiser leurs activités sans stress. Nathalie Amouzou, fondatrice d’une startup spécialisée dans les cosmétiques bio, témoigne. « J’avais toujours repoussé l’idée de formaliser mon entreprise à cause des démarches compliquées. Mais avec le site du CFE, j’ai pu tout faire en ligne en moins de deux jours. Même le paiement se fait en ligne. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années ».Même satisfaction du côté de Rodrigue Kpakpabia, promoteur d’une société de transport logistique. « Cette réforme a changé la donne. Avant, il fallait plusieurs déplacements et beaucoup de patience. Aujourd’hui, c’est rapide et transparent. En quelques clics, j’ai pu enregistrer mon entreprise sans quitter mon bureau. C’est un grand pas en avant pour les jeunes entrepreneurs ! »
L’un des freins majeurs à la création d’entreprise au Togo était le coût des formalités. Avant la réforme, il fallait compter jusqu’à 200 000 FCFA pour immatriculer une entreprise. Désormais, les frais sont standardisés et plus accessibles.
Le coût de création d’une entreprise individuelle est de 25.400 FCFA pour les nationaux et les ressortissants de la CEDEAO et de 30.400 pour les ressortissants hors zone CEDEAO. Pour les sociétés, le cout de création est de 28.250 pour les nationaux et les ressortissants CEDEAO et de 33.250 pour ceux hors zone CEDEAO.
Des défis à relever pour une digitalisation totale
Si la digitalisation a grandement simplifié la création d’entreprise, certains obstacles subsistent. Les problèmes de connexion Internet restent un défi dans certaines localités, où un réseau instable peut compliquer le processus en ligne. Le manque de sensibilisation freine aussi certains entrepreneurs, peu familiers avec les outils numériques, qui peinent encore à naviguer sur la plateforme. Plusieurs utilisateurs soulignent également le besoin d’un support technique plus réactif pour les accompagner dans leurs démarches.
L’expert en digitalisation, Sam Kodjovi, souligne que la digitalisation est un levier puissant pour accélérer l’entrepreneuriat, mais elle doit être accompagnée d’un effort de sensibilisation et d’infrastructure. « Les problèmes de connexion, notamment en dehors de Lomé, peuvent rendre difficile l’accès au processus en ligne. Il est primordial de travailler sur l’amélioration de la couverture réseau et d’offrir des formations adaptées aux entrepreneurs, afin qu’ils puissent pleinement tirer parti des outils numériques. Par ailleurs, un support technique réactif et accessible est crucial pour rassurer et guider les utilisateurs dans leurs démarches », a-t-il précisé.
La digitalisation du CFE s’inscrit dans une stratégie plus large de développement des infrastructures publiques numériques au Togo. Cette transformation repose notamment sur. Le projet e-Gouv : qui interconnecte les administrations et permet un traitement des données plus rapide et sécurisé ; l’extension de la fibre optique qui améliore la connectivité Internet et facilite l’accès aux plateformes numériques, y compris celle du CFE ; ainsi que le paiement électronique des services publics.
Alice Lawson
Cet article est rédigé dans le cadre de la phase II de la bourse de journalisme sur les IPN organisée par la Fondation des MSédias pour l’Afrique de l’Ouest et Co-Develop.
