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Siège de la CENI à Lomé
Le siège de la CENI à Lomé
Le siège de la CENI à Lomé

Cela fait huit jours que l’élection et la nomination des représentants de l’opposition parlementaire à la CENI a échoué au parlement. Une situation qui plonge le dénouement de la crise politique dans l’incertitude. Car, la résolution de cette crise passe aussi par une CENI complète et inclusive, synonyme de la présence effective des partis de la coalition des 14, conformément à l’accord du 23 septembre 2018. C’est aussi la crédibilité des prochaines échéances électorales qui se joue dans cette comédie politique. Les deux acteurs de la scène, l’UFC et le reste de l’opposition (parlementaire), celle de la C14. Mais en revisitant l’histoire, il faut dire que Me Dodji Apevon l’avait prédit en 201 !

Ce n’est pas un secret. Ce qui bloque l’entrée des membres de l’opposition parlementaire à la CENI, c’est la guéguerre entre elle. L’UFC taxée de proche du pouvoir maintient son représentant à la CENI. Sur le sujet, tous ont déjà longuement épilogué, qui évoquant la loi ; qui d’autre le bon sens et une certaine légitimité.

En réalité, cette situation ressemble fort bien à ce qui s’est produit en 2014, lors de la composition de la CENI de l’époque. Le processus a été bloqué durant trois séances plénières. Le dénouement n’a eu lieu qu’après moult tractations. A l’époque, c’est toujours le même président de l’Assemblée nationale qui avait pris son bâton de pèlerin pour concilier les divergences.

(Re) LIRE : Dama Dramani, le bon pèlerin !

Relisons l’histoire de 2014

En 2014, le cas UFC a été déjà un point de blocage. Le groupe ANC-ADDI et Arc-en-ciel ne voulaient rien céder des cinq sièges de l’opposition parlementaire à l’UFC dont le statut de parti d’opposition était déjà contesté par les autres de l’opposition. L’ANC qui revendiquait quatre des cinq sièges de l’opposition parlementaire à l’époque a dû se résoudre, de manière douloureuse, à lâcher ADDI pour permettre à l’UFC de disposer d’un siège. De même, il a fallu sacrifier un certain Extase Akpotsui dans les rangs de l’opposition extraparlementaire ; pour ainsi mettre la CDPA dans le jeu avec Sibabi Boutchou.

« L’histoire retiendra que, pour une fois,  le consensus a prévalu dans une décision aussi importante », s’était exclamé Isabelle Améganvi au nom du groupe ANC/ADDI. Mais cette décision aura eu son impact : la dislocation de l’union politique entre l’ANC et l’ADDI. Isabelle Améganvi l’a rappelé à la séance du 9 octobre dernier. « En 2015, c’est ce problème qui a fait éclater le groupe parlementaire ANC/ADDI », a-t-elle déploré.

Alors membre du CAR, parti membre d’Arc-en-ciel, Me. Apévon Dodzi avait estimé que « cette combinaison sauve une situation, mais ne règle pas le problème posé, à savoir,  la question du statut du parti de Gilchrist Olympio, l’UFC sur l’échiquier politique ». Au regard de l’histoire, cette interrogation demeure et reste au cœur du blocage actuel, trois ans après ; surtout que personne n’avait pensé à retoucher le code électoral pour redéfinir le sens que l’on souhaiterait donner à la notion de  »parti politique de l’opposition ».

L’UFC va-t-elle renvoyer l’ascenseur à l’opposition parlementaire ?

Pour l’heure, la position de l’UFC n’est pas conciliante avec cette démarche. Il maintient son représentant, Jean-Claude Homawoo en poste. Le 9 octobre 2018 ; lors du vote du parlement, Isabelle Améganvi a semblé demander au parti de Gilchrist Olympio, un retour d’ascenseur.

« Vous n’êtes pas sans savoir que le groupe parlementaire ANC/ADDI était un seul et même groupe. Depuis 2013, pour ne pas dire même avant et jusqu’aujourd’hui, l’UFC avec deux députés (le troisième ayant démissionné du parti), a toujours eu une place à la CENI. Au nom de quoi l’UFC aura toujours une place à la CENI, alors qu’elle est représentée dans l’hémicycle par deux députés et qu’ADDI, avec le même nombre de députés ne pourrait pas en avoir », s’est demandé Isabelle Ameganvi en défendant la liste de la C14. A son tour, l’UFC acceptera-t-il de se sacrifier pour les autres ? Rien n’est sûr !

Comme en 2014, Dama Dramani, le président de l’Assemblée nationale est à la manœuvre pour concilier les bords. A la séance du 9 octobre dernier, il a rassuré qu’une solution sera trouvée. Seulement, quel fusible devra-t-on sauter pour que le courant passe ? Comment réconcilier des partis qui se refusent le dialogue ; avec l’ANC qui n’est plus prête à réécrire sa ‘’douloureuse histoire’’ de 2014. Peut-être que l’article 19 du code électoral devra s’appliquer d’ici octobre 2018 où les membres nommés en 2017 feront un an. L’Assemblée nationale pourrait simplement s’en servir…

En attendant, sauf réaménagement de dernière minute, le blocage de 2018 aura plus d’impact que celui de 2014 sur le processus électoral. Car, en 2014, c’est au début du processus que le problème s’est posé. Aujourd’hui, il se pose au beau milieu d’un processus controversé.

 

Carlos Tobias