L’Alliance nationale pour le changement (ANC) rejette les résultats définitifs des législatives 2024 proclamés par la Cour constitutionnelle. Ce mardi 14 mai 2024, à son siège face à la presse, le parti a dénoncé plusieurs irrégularités constatées lors du double scrutin du 29 avril 2024.
L’ANC rejette donc tous ces résultats qu’il qualifie de « frauduleux et incohérents. » « Des dérives, des fraudes et manquements ont été observés, et quand il y’a autant d’incohérence, cela voudrait dire que les résultats ont été manipulés et dans ce cas, il faut reprendre les élections. Nous rejetons les résultats proclamés, et demandons la reprise des élections » a déclaré le président national de l’ANC, Jean-Pierre Fabre.
En effet, pour l’ANC, le double scrutin des législatives et des régionales tenu le 29 avril 2024 « est une farce, un brigandage électoral honteux, une véritable mascarade.»
Selon le parti, « le régime dictatorial du RPT/UNIR poursuivait un seul objectif, faire de ce double scrutin une voie de contournement de la limitation des mandats afin de permettre à Faure Gnassingbé de demeurer au pouvoir ad vitam aeternam.»
L’ANC a soulevé, lors de cette rencontre avec la presse, plusieurs « dérives ». « Recensement électoral frauduleux, découpage électoral discriminatoire, changement de Constitution par une Assemblée nationale illégitime et illégale dont le mandat a expiré, refus d’accréditation d’observateurs électoraux sérieux, suspension d’accréditation des médias internationaux, multiples reports de la date des élections, Cour Constitutionnelle de composition illégale rafistolée en pleine campagne électorale, Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) en fin de mandat depuis 2021, Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont le mandat a expiré depuis mars 2023 !» Autant de manquements que l’Alliance nationale pour le changement estime « ont manifestement découragé les populations togolaises de la chose électorale. »
Interminable liste de critiques
En ce qui concerne les fraudes et manquements, l’ANC dénonce : « l’absence de logo de partis politiques sur les spécimens et sur les bulletins de vote. L’exclusion des délégués et des membres des partis politiques d’opposition dans les bureaux de vote et dans les (CELI), en violation du code électorale. Les bourrages d’urnes dans le Haho et dans le Vo. De nombreux actes de brutalités. Des achats de consciences et d’utilisation des moyens de l’Etat. Le vote des étrangers. La falsification des résultats. Des chiffres compilés et proclamés qui défient l’arithmétique » peut-on lire dans la déclaration liminaire de l’ANC.
En ce concerne la promulgation de la nouvelle constitution par le chef de l’Etat, l’ANC n’entend pas laisser prospérer, selon les propos du parti, « une telle imposture » et dit vouloir s’engager dans la lutte. « Les Togolaises et les Togolais, qui rejettent avec beaucoup d’amertume, la tentative outrageuse en cours pour changer la Constitution qu’ils se sont librement et souverainement donnée le 27 septembre 1992, se mobiliseront assurément pour combattre sans répit, une telle indécence politique. En s’inscrivant pleinement dans la même démarche, l’ANC n’entend pas laisser prospérer une telle imposture et la combattra farouchement, ensemble avec les populations togolaises. La lutte continue donc et l’ANC demeure plus que jamais résolument engagée aux côtés du peuple togolais pour libérer le Togo, des griffes de la dictature » dit le parti de Jean-Pierre Fabre.
À la suite de ce double scrutin les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale Indépendante CENI et confirmés par la Cour constitutionnelle donnent une majorité écrasante de 108 des 113 sièges pour le parti au pouvoir UNIR et 5 pour l’opposition dont 1 siège pour l’ANC. Plusieurs missions dont celles de la CEDEAO et de la l’UA ont jugé ces élections de transparentes.
Sylvie OUEDRAOGO