Le gouvernement togolais a interdit ce 3 avril le transport des personnes par les deux roues. Le 1er avril, dans son discours à la nation, le président de la République avait annoncé que certaines mesures pourraient être difficiles mais nécessaires. L’interdiction du transport par les deux roues semble être la toute première pilule difficile à avaler.

L’information qui circulait depuis jeudi est confirmée ce vendredi par décret pris conjointement par le ministre de la sécurité et celle du transport. Pris tel que publié, le décret interdit la circulation à deux sur une moto. L’activité de taxi-moto (communément appelé Z) semble la première visée. Et la mesure fait paniquer, tant les conducteurs de taxi-motos de même que d’autres corps de métier vivent le jour le jour. C’est donc pour eux un chômage technique.

Ce vendredi soir, Salifou, un conducteur de moto se demandait comment faire ? « Nous allons faire une délégation pour aller voir le gouvernement », lance-t-il, le regard vide, tel un désespéré. La mesure a alimenté le débat dans plusieurs stations de taxi-motos. « Nous ne pouvons rien, que le gouvernement fasse ce qu’il pense possible, nous sommes déjà fatigués par tout ça », nous dira un autre conducteur de moto interrogé à la station au feu rouge du rond-point du boulevard.

La mesure ne semble pas concerner uniquement les taxi-motos. La note d’information fait référence à « l’interdiction formelle aux conducteurs des engins à deux roues de transporter des personnes » ! Ce qui suppose l’interdiction tout court de circuler à deux sur une moto. Sur les réseaux sociaux, les critiques émanent aussi des usagers qui se voient en difficulté pour les déplacements. D’autres évoquent le cas de personnes vivant sous le même toit et qui se trouveraient dans l’impossibilité de se remorquer à moto. Des arguments évoqués par des internautes pour appeler à revoir la mesure ou à la recadrer.

Dans la logique du gouvernement, il s’agit « de mesures pour la riposte à la pandémie ».

Pas d’objection de la Ligue des consommateurs du Togo

Pour la Ligue des consommateurs Togolais (LCT), cette décision du gouvernement reste recevable. « Si cela peut permettre de maîtriser la propagation de la pandémie, nous ne trouvons pas d’objection », a confié Emmanuel Sogadji, président de la LCT, joint ce soir par la rédaction. « Nous attendons que les vraies mesures d’ordre sociale soient prises et que ce que le gouvernement a déjà dit soit développé et appliqué pour que tout le monde soit bénéficiaire, c’est l’essentiel », soutient la ligue. Pour la LCT, « il est important qu’on se mette ensemble pour trouver des solutions pour mettre fin à la pandémie. Toutes les solutions sont donc envisageables, sauf celles qui empruntent la voie de la violence des agents de sécurité sur les populations ».

Pour Emmanuel Sogadji, étant partout, la contamination est possible avec les taxi-motos. Mais « on doit inviter l’autorité à pense la stratégie la plus adéquate pour mettre tout le monde au même diapason », insiste-t-il.

Ben KADE