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L’Office Togolais des Recettes (OTR) a fermé la page des timbres fiscaux physiques le 31 janvier 2025. Dès lors, le timbre fiscal numérisé devient le seul valide pour toutes les différentes formalités administratives au sein de l’Office.

Fin d’une époque ! Le timbre fiscal est désormais numérique, et la version physique, depuis le 31 janvier 2025, est entrée dans l’histoire. La plateforme d’etimbre de l’OTR est l’unique site où les timbres fiscaux électroniques (e-timbres) sont désormais vendus. Cette innovation promet de simplifier l’administration fiscale tout en contribuant à l’optimisation des services publics. L’introduction des timbres fiscaux numériques pourrait constituer un véritable levier pour une gestion fiscale plus transparente et plus efficace, apportant des bénéfices tant pour les citoyens que pour l’État. Cependant, sa mise en œuvre suscite plusieurs interrogations parmi les utilisateurs, notamment sur la période transitoire, les difficultés d’accès à Internet, et la fluidité du site web de l’OTR.

Un timbre fiscal est une marque ou une figurine officielle, preuve qu’un administré a payé à une collectivité publique (État, collectivité locale, etc.) certaines catégories de taxes, redevances ou impôts. Au Togo, avec l’introduction des timbres fiscaux numériques, le principal avantage qui saute aux yeux est la facilité d’acquisition du timbre, mais plusieurs défis restent à surmonter pour permettre aux usagers de profiter pleinement des bienfaits de cette digitalisation. « La digitalisation a le mérite de rendre le timbre plus pratique, de faire gagner du temps en évitant les déplacements», note un usager rencontré à la division de l’OTR de la ville d’Aného.

« Le timbre physique est parfois rare dans les divisions de l’OTR, avec des coupures indisponibles. Par exemple, si vous devez apposer un timbre de 5000 FCFA sur un document et qu’il n’y a que des timbres de 500 FCFA ou 100 FCFA, vous voyez la surcharge du document ?», explique Robert Akakpo, spécialiste en fiscalité à Lomé. Il ajoute que la numérisation règle aussi le problème de la perte de timbres parfois mal collés sur certains dossiers.

Les problèmes de surcharge de documents, de perte de timbre et d’indisponibilité de certaines coupures pourraient désormais disparaître. La dématérialisation des timbres vise à éliminer le circuit physique et les risques associés aux transactions manuelles. « Le processus d’achat devient désormais plus transparent et traçable, car les timbres numériques sont enregistrés dans une base de données sécurisée. Chaque timbre a un code unique et chaque transaction peut être suivie en temps réel. De plus, l’authentification des timbres se fait via des systèmes numériques vérifiables, réduisant ainsi les risques de falsification ou de corruption », loue l’avocat fiscaliste Me Noël Bokodjin.

Inquiétudes et interrogations des usagers

La dématérialisation permet une gestion plus rapide des dossiers fiscaux en accélérant les procédures administratives. Les services publics peuvent ainsi être optimisés, car les citoyens et les entreprises peuvent effectuer leurs paiements plus facilement et plus rapidement, ce qui se traduit par un traitement plus fluide des demandes fiscales. Pourtant, au regard de leurs expériences avec les précédentes initiatives, plusieurs usagers expriment leurs inquiétudes quant à l’aspect pratique de cette avancée proclamée par l’institution fiscale.

Les timbres fiscaux numériques représentent donc une véritable avancée, mais leur succès dépendra de la capacité de chacun à s’adapter à cette nouvelle ère numérique. « Je crois que le site de l’OTR doit être amélioré. L’Office a déjà plusieurs fois repoussé la date limite de dépôt des bilans annuels, car le site conaît des perturbations  quand il y a plusieurs utilisateurs en même temps », partage David Johnson, déclarant en douane à la frontière de Sanvee-Condji à Aného. Selon lui, l’Office pourrait optimiser son expérience avec ses usagers en fluidifiant le site. « Le contribuable aurait besoin d’un seul site pour acheter son e-timbre, utiliser le e-service, déclarer son bilan, faire une réclamation, etc. Au lieu de multiplier les sites, il serait plus efficace de centraliser tout cela en une plateforme unique où ces différents services seraient des rubriques », préconise le fiscaliste Robert Akakpo.

Un autre défi majeur réside dans l’accessibilité à Internet. « Imaginez les conséquences d’une coupure d’Internet. À Lomé, la connexion est plus ou moins stable, mais qu’en est-il à l’intérieur du pays ?», se demande Nazaire Lare, responsable d’une société de transit à Lomé. La mise en circulation des e-timbres soulève également la question de la gestion des stocks de timbres physiques encore en possession de certains usagers. « La période transitoire entre le timbre physique et le timbre virtuel n’a pas été assez longue. Certains praticiens, comme moi, ont encore des timbres physiques en stock qui ne sont plus valables. Comment l’OTR compte-t-elle gérer cette situation ?», s’interroge Me Noël Bokodjin. Étant la propriété de l’Office Togolais des Recettes, des tractations seraient en cours pour permettre la conversion des timbres physiques en e-timbres.

Ainsi, la digitalisation des timbres fiscaux au Togo représente une étape importante vers un système fiscal plus transparent et plus efficient. Cette réforme s’inscrit dans un cadre plus large de modernisation des services publics. Toutefois, pour réussir pleinement cette transition numérique, il reste essentiel de renforcer la cybersécurité et de sensibiliser les utilisateurs à l’importance de ces nouvelles pratiques.

Dans une publication en date du 26 novembre 2024, sur son site officiel, l’institution fiscale renseignait que la digitalisation des timbres fiscaux marque une « étape majeure dans l’engagement de l’OTR à moderniser ses services afin de simplifier la tâche aux opérateurs économiques ». Derrière cette « solution technologique » se cache également la recherche de l’efficacité et l’efficience en vue du renforcement de la transparence dans la gestion fiscale et la sécuriser du système. Si pour les utilisateurs interrogés, la digitalisation n’est qu’avantage, plus d’un également soulèvent plusieurs défis relatifs à son aspect pratique qui si pris en compte, permettra l’optimisation de cette innovation numérique.

Alice Lawson

Cet article est rédigé dans le cadre de la phase II de la bourse de journalisme sur les IPN organisée par la Fondation des MSédias pour l’Afrique de l’Ouest et Co-Develop.

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