L’Afrique prend son envol sur la route de la finance numérique. Selon les dernières données du Global Findex 2025 (un rapport de la Banque Mondiale), la part d’adultes disposant d’un compte bancaire ou mobile en Afrique subsaharienne a grimpé de 34 % en 2014 à 58 % en 2024. Un bond impressionnant, qui s’explique en partie par la montée en puissance des paiements numériques. Plus de la moitié des adultes africains (51 %) ont désormais effectué ou reçu un paiement digital.
Cependant, un élément clé attire particulièrement l’attention des experts. Il s’agit du rôle grandissant des systèmes de paiement instantané (SPI) dans cette révolution financière.
Des transferts en quelques secondes, pour tous
Un système de paiement instantané permet à n’importe quel utilisateur qu’il soit client d’une banque ou d’un opérateur de mobile money d’envoyer de l’argent en temps réel, 24 h/24 et 7 j/7. Lorsqu’il est multisectoriel, c’est-à-dire ouvert à plusieurs types de prestataires, il devient une infrastructure publique numérique (IPN) au service de tous.
En Afrique, ces systèmes se développent rapidement. Sept pays ont déjà lancé des plateformes multisectorielles : Égypte, Éthiopie, Ghana, Malawi, Mozambique, Tanzanie et Zambie. D’après une étude publiée par AfricaNenda, ces systèmes changent la donne.
« Nous devons mener de nombreuses actions de sensibilisation pour inciter nos gouvernements à investir dans les infrastructures numériques, à les gérer et à obtenir davantage de ressources pour sécuriser nos données » à exhorter Sabine Mensah, Directrice générale adjointe de la Fondation AfricaNenda dans un panel, en marge des activités de la Wameca 2025 à Accra au Ghana.
Dans plusieurs pays ayant adopté un SPI multisectoriel, les résultats de la contribution des SPI sont palpables à travers les chiffres. L’usage des paiements numériques a augmenté de 73 %, contre 15 % seulement dans les pays comparables sans SPI.
Au Ghana, le taux de détention de comptes a doublé et les paiements numériques ont progressé de 215 % après le lancement du système national.
En Égypte, le réseau de paiement instantané a entraîné une hausse de 76 % de la détention de compte et un doublement de l’adoption des paiements numériques.
L’Éthiopie, en revanche, a connu une progression plus lente (+5 %), soulignant que le succès d’un SPI dépend aussi du contexte local : infrastructures, connectivité et cadre réglementaire. Les SPI restent des outils prometteurs, mais pas une solution miracle
Selon la responsable adjointe d’AfricaNenda, les paiements instantanés « facilitent la vie ». Mais ne suffisent pas à eux seuls pour garantir l’inclusion financière. Leur impact dépend de plusieurs conditions comme « une large couverture mobile, une régulation ouverte à la concurrence, des services centrés sur les besoins réels des utilisateurs, et une éducation financière adaptée » souligne la vice-présidente de la Fondation AfricaNenda.
Vers une finance vraiment inclusive
L’étude met en lumière un message clair : les paiements instantanés multisectoriels peuvent devenir un levier majeur d’inclusion, à condition d’être accompagnés par des politiques publiques fortes et des partenariats entre acteurs publics et privés.
Pour l’Afrique, où plus de 350 millions d’adultes restent encore exclus du système financier formel, ces infrastructures représentent une opportunité unique de bâtir une économie plus connectée, inclusive et résiliente.
Alice Lawson



















