« Nul n’est prophète chez soi », disait La Fontaine. Liu Xiaobo, premier prix Nobel de la paix chinois, est décédé jeudi 13 juillet d’un cancer à l’Age de 61 ans. Symbole de la lutte pour la démocratie, il s’est battu pour la liberté mais en a été privé jusqu’à son dernier souffle.
Ancienne figure de proue du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989, bête noire du régime communiste, l’écrivain et professeur de littérature avait bénéficié d’une mise en liberté conditionnelle après le diagnostic en mai d’un cancer du foie en phase terminale.
Le dissident avait fait savoir qu’il souhaitait suivre un traitement à l’étranger, un appel relayé par la communauté internationale mais rejeté par la Chine qui y voyait une ingérence dans ses affaires intérieures. Ce qui vaut à Pékin une pluie de critiques. Le comité Nobel de la paix a accusé la Chine de porter « une lourde responsabilité » dans la mort « prématurée » de l’opposant en le privant de soins médicaux adaptés.
Son décès a été annoncé sur le site Internet des autorités de la ville de Shenyang (capital de la province deLiaoning) où il est écrit que «plusieurs de ses organes étaient atteints et qu’il a été impossible de le sauver». Extrait de sa cellule, le prix Nobel de la Paix 2010 avait été admis début juin à l’Hôpital universitaire N°1 de Shenyang.
Liu Xiaobo avait été arrêté en décembre 2008 puis condamné un an plus tard pour subversion à 11 ans de prison. Le régime communiste lui reprochait d’avoir corédigé un manifeste, la Charte 08, prônant notamment des élections libres. C’est depuis sa cellule que l’opposant avait donc appris qu’il obtenait le prix Nobel de la paix en 2010.
Le comité Nobel entendait récompenser à travers lui « un long combat non violent pour les droits humains fondamentaux en Chine ». Lors de la cérémonie de remise du prix à Oslo, il avait été représenté par une chaise vide.
Il est le premier prix Nobel de la paix à mourir privé de liberté depuis le pacifiste allemand Carl vonOssietzky, décédé en 1938 dans un hôpital alors qu’il était détenu par les nazis. De nombreuses personnalités de part le monde rendent hommage à Liu Xiaobo et saluent ce grand combattant de la liberté. Liu Xiaobo laisse derrière lui son épouse Liu Xiaplacée en résidence surveillée depuis 2010 sans raison légale.
Clément Gado