Au sein des communautés au Togo, le décès d’un conjoint ou de la conjointe oblige le veuf ou la veuve à se soumettre à des rites de veuvage. Aujourd’hui ces pratiques sont jugées inadaptées dans la mesure où elles sont humiliantes, dégradantes et portent atteinte à la dignité de la personne humaine. La femme est la principale victime de toutes ces pratiques. L’ONG ALAFIA mesurant le poids de cette situation s’est engagée depuis 17 ans dans une lutte pour l’éradication complète des pratiques coutumières de veuvage. A Aného, l’ONG s’est fait entourer des chefs traditionnels pour mener ce combat.
Dans les communautés concernées, les femmes sont soumises à des pratiques telles que le teste traditionnel du coupable de la mort du conjoint. ‘’Si la veuve tousse après inhalation du piment ou réagi suite aux piqures des taisons de bouteille sur lesquels on l’oblige à s’agenouiller, elle est condamnée coupable de la mort de son marie. A ces pratiques s’ajoute aussi le fait de prendre les rapports sexuelles sans son consentement avec une tierce personne et aussi le fait de lui donner comme épouse au fils de sa coépouse’’. Autant de pratiques que déplore l’ONG ALAFIA, comme nous l’a souligné Adzoavi Nyuito TATEY, directrice exécutif de l’ONG.
Désormais, « ces pratiques qui duraient plus d’un mois sont réduites à 24h dans les Lacs », a affirmé Nana Anè OHINIKO QUAM DESSOU XV, Roi des Mina et chef traditionnel de la ville d’Aného. « Les rites de veuvages seront observés comme une journée de souvenir pour les personnes décédées », va-t-il poursuivre. Cette décision de l’ensemble des chefs traditionnels et coutumiers d’Aného est une première phase qui délit la femme des pratiques néfastes de veuvage dans le milieu. Une deuxième phase qui suivra la précédente sera consacrée à une concertation des dignitaires et chefs traditionnels d’Aného pour parvenir à soutenir la veuve dans sa dure épreuve, l’aider à s’épanouir et pouvoir s’occuper des orphelins laissés à sa charge.
Ce sont les concluions d’un travail entamé depuis 2016 entre les chefs traditionnels d’Aneho et l’ONG ALAFIA. Un travail qui a été sanctionné par une déclaration des Chefs traditionnels et des prêtres et prêtresses des religions traditionnelles, des chefs de familles et des ‘’tassinons’’ de la préfecture des Lacs sur les pratiques néfastes de veuvage le 03 novembre 2016 portant éradication de ce phénomène.
Depuis son implication dans l’éradication des pratiques coutumières de veuvage au Togo, l’ONG ALAFIA a pu toucher plus de 100 villages sur toute l’étendue du territoire nationale avec le soutien de l’Ambassade des USA au Togo.
Serge TASTOME
