Face aux tensions sociopolitiques liées à l’adoption de la nouvelle constitution faisant entrer le Togo dans la Ve République, la Conférence des évêques du Togo (CET) interpelle les autorités togolaises. Dans une lettre, les évêques prennent position et dénoncent un manque d’écoute des citoyens par le pouvoir en place.
Le Togo a officiellement basculé dans la Ve République le 3 mai 2025, à la suite de l’élection du président du Conseil Faure Gnassingbé et du président de la République Jean-Lucien Savi de Tové. Ce passage de la IVè République à la Ve République n’a pas fait des Togolais. Abondant dans la même dynamique, la Conférence des évêques du Togo (CET), dans une lettre publiée lundi 26 mai 2025, interpelle les autorités togolaises dans un contexte de crispation de la vie sociopolitique actuelle du pays.
En mars 2024, la CET avait déjà attiré l’attention du chef de l’État sur l’opportunité de changer de constitution ou non. Cependant, ces appels sont tombés dans des oreilles de sourd. Dans la lettre du 26 mai, la CET estime que le Togo a basculé dans la Ve République dans un contexte de fortes crispations, de lourdeurs dans les cœurs et de frustrations générales provoquées par des conditions de vie précaires des populations. « Ce changement, opéré sans véritable dialogue national, suscite des incompréhensions et fait peser de graves risques sur la cohésion sociale et la stabilité du Togo », précise la CET.
Dans une démocratie, les décisions politiques doivent refléter la volonté du peuple. Au Togo, selon le CET, la situation actuelle évoque plutôt un climat de peur, un silence contraint et un mépris de l’expression citoyenne ou encore un entêtement à faire croire au peuple le contraire du vrai. « Les peurs et les frustrations tues (Taire), se muent en actes désespérés, et les colères muettes deviennent des déflagrations imprévisibles », peut-on lire dans la lettre de la Conférence des évêques du Togo.
Face à cette situation critique, la CET lance un appel demandant aux autorités de prendre conscience du malaise grandissant au sein de la population. Elle souhaite que la voix du peuple soit entendue avec respect et prise en considération. « Qu’un processus d’apaisement soit engagé avec discernement, à travers la tenue d’un véritable dialogue, franc, sincère, inclusif et constructif », interpelle la CET.
Par ailleurs, la Conférence des évêques du Togo salue la résilience et la maturité du peuple togolais. Elle exhorte tous les acteurs de la vie nationale – politiques, société civile, forces de défense et de sécurité, confessions religieuses – à œuvrer ensemble pour préserver l’unité, la paix et l’avenir du Togo.
