grossesses précoces
Selom komlan Noussoukpoé, chef projet action Recherche à l'ATBEF

Les grossesses précoces en milieu scolaire et d’apprentissage sont un sujet toujours récurrent au Togo. Pour réduire ce fléau, l’association togolaise pour le bien être familial (ATBEF) propose une approche multisectorielle et transformatrice,  des rites et initiation pour le droit en santé sexuelle et de la reproduction des adolescentes. Cette approche a déjà fait ses preuves à travers une   phase  pilote. Dr Sélom Komlan Noussoukpoe, chercheur principal et chef projet nous explique l’approche l’approche multisectorielle.

Full-news : Que peut-on comprendre de l’approche multisectorielles pour la prévention  des grossesses précoces ?

Dr Sélom Komlan Noussoukpoe : C’est un projet qui est né de la volonté de l’Association Togolaise pour le bien être familial (ATBEF) de faire plus d’effort pour réduire la prévalence des grossesses précoces et des violences sexuelles en milieu jeune. Et l’ATBEF, depuis 2018, conduit ce projet de recherche et d’actions. En premier lieu, nous l’avions conduit dans 8 localités au Togo. Et à la deuxième phase, ce projet est étendu à cinquante communes. Il cible deux-cents cinquante (250) collèges dans lesquels nous déployons les actions et nous suivons l’évolution de l’effectif des grossesses, mais aussi des violences sexuelles.

Après les deux premières phases, quels résultats avez-vous obtenu ?

C’est avec beaucoup de satisfaction que nous avons constaté qu’entre 2021 et février 2024, dans les 250 collèges touchés le long du territoire, nous sommes passés de 993 cas de grossesses à 192 cas ; soit une réduction de 80% des cas de grossesses dans ces établissements.

Quels sont les acteurs impliqués dans le projet et quels sont leurs rôles ?

Chaque acteur a ses rôles régaliens. Nous avons le ministère des enseignements primaire, secondaire, technique dans le rôle d’encadrement des élèves, mais aussi des enseignants, pour les amener à s’approprier la thématique de la réduction des grossesses et des violences en milieu scolaire.

Le ministère de la santé met à notre disposition les méthodes contraceptives. En ce qui concerne le Ministère de la justice, il est  chargé d’appliquer les instruments juridiques qui réglementent les questions de sexualités notamment en cas d’abus sexuels. Nous avons les  chefs traditionnels, les premiers acteurs de développement. Ils doivent pouvoir organiser les villages de telles sortes que la question des jeunes soit au centre des préoccupations. Ce n’est donc pas un nouveau rôle, mais un rôle à jouer en synergie.

Vous souhaitez voir institutionnaliser l’approche multisectorielle. Qu’attendez-vous par là ?

Arriver à institutionnaliser cette approche, c’est permettre aux acteurs impliqués notamment les ministères en charge des enseignements primaire et secondaire, celui de la santé, celui  de l’action sociale, celui  de la justice et celui en charge des collectivités de ne plus travailler en vase close ; mais de se mettre ensemble pour venir à bout du phénomène de grossesse précoce et de violences sexuelles. Nous voudrions donc que le gouvernement prenne une décision, un décret pour consacrer l’approche multisectorielle et amener ainsi les acteurs à travailler en synergie dans la lutte contre ce fléau.

Quel est votre ultime souhait ?

L’ambition est d’arriver à réduire significativement l’effectif voire annihiler des grossesses de nos jeunes en milieu scolaire et en apprentissage  pour un développement durable. Ainsi nous comptons sur le travail de tout un chacun pour l’institutionnalisation de ce projet.

Propos recueillis par Sylvie OUEDRAOGO