Choguel Kokalla Maïga n’est plus le Premier ministre de transition du Mali. Après ses propos incendiaires contre les militaires au pouvoir, ces derniers l’ont éjecté de son poste.
Le Général Assimi Goïta a mis fin dans la soirée de ce mercredi 20 novembre 2024 aux fonctions du Premier ministre et chef du gouvernement, quatre jours après que ce dernier a tenu des propos critiques contre la junte.
Crime de lèse-majesté
Les colonels au pouvoir, devenus par la suite généraux, n’ont pas du tout aimé les propos de Choguel Kokalla Maïga tenus contre eux il y a une demi-dizaine de jours lors d’une sortie publique. En effet, en poste depuis juin 2021, le chef du gouvernement de transition les a officiellement accusés de le tenir à l’écart des décisions qu’ils prennent et a réclamé une « rectification de la transition ».
Un décret présidentiel scelle son sort ensuite. Lu par Alfousseyni Diawara, le secrétaire général de la présidence, sur l’ORTM, la télévision d’Etat, le document annonce la fin des fonctions du Premier ministre ainsi qu’à celles de toute l’équipe gouvernementale.
En réalité, les relations entre Choguel Kokalla Maïga et les hommes en uniforme se dégradent au jour le jour depuis un moment. Face aux militaires, promus généraux il y a quelques jours, le civil n’exerce plus de pouvoir. Les décisions importantes sont prises sans lui.
En mai 2024, l’un des fidèles du Premier ministre a dit haut ce que tout le monde pense tout bas. Selon lui, son patron est évincé du pouvoir. Une sortie qui lui vaut, dans la foulée, une arrestation et une condamnation pour « atteinte au crédit de l’Etat » malien.
Quid de l’avenir politique de Choguel Kokalla Maïga ?
Le désormais ex-ministre Premier de transition, contraint de quitter ses responsabilités après ses propos incendiaires, devrait, selon certains observateurs, devenir un opposant au régime en place. Quelques heures après son limogeage, le compte X de l’ancien PM livre une véritable diatribe contre le fonctionnement de la transition.
MES REMERCIEMENTS (suite au meeting M5-RFP du samedi 16 novembre 2024). PAGE 6/6 pic.twitter.com/ZcuUGgI8Ux
— Choguel Kokalla Maiga (@ChoguelKMaiga) November 21, 2024
Bien qu’il l’ait servi pendant presque quatre années. Un repositionnement qui devrait lui permettre de viser les prochaines élections quand bien même personne ne sait, sauf la junte, quand elles auront lieu.
Accusé par les soutiens des généraux de « haute trahison » et de tentative de « déstabilisation », l’ex-chef du gouvernement pourrait être aussi poursuivi en justice. Dans le pire des cas, il serait interpellé et placé sous mandat de dépôt de telle sorte à être contraint au silence.
Avec ce nouvel épisode, c’est l’incertitude quant à l’avenir politique du Mali. Les généraux au pouvoir, ont dit, par la bouche de celui qui est aujourd’hui évincé de son poste, qu’ils n’organiseront des élections qu’une fois que leur pays sera « stable ».
« La phase de stabilisation doit atteindre un point de non-retour, un point suffisamment stable pour pouvoir organiser des élections », a tenté de rassurer (en vain ?) en avril dernier le Premier ministre, finalement tombé en disgrâce.