La crise nigérienne fait courir encore et encore ! Samedi, les chefs d’état-major de la CEDEAO ont annoncé avoir finalisé leur plan d’intervention dans le pays. Parallèlement, les canaux diplomatiques accélèrent les manœuvres pour une issue pacifique. Le compte à rebours est-il déclenché pour ce pays du Sahel ? Pour l’Algérie, l’option militaire aura des issues inconnues…
« L’Algérie demeure, en effet, animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées », lit-on dans un communiqué du gouvernement algérien publié samedi. Au moment où la pression monte autour de la crise nigérienne, Alger continue de prévenir contre les incertitudes d’une opération militaire au Niger.
Sur le dossier Niger, il y a autant d’incertitudes que de certitudes. D’abord, aucune information précise sur l’éventuelle date de l’intervention des forces des pays de la CEDEAO engagés dans la solution militaire. Seulement, les chefs d’état-major réunis jeudi et vendredi à Accra ont déclaré avoir finalisé leur plan d’intervention et fixé le jour, sans aucune précision. De la libération du président Bazoum au retour à l’ordre constitutionnelle, la CEDEAO dit vouloir « dessiner un chemin qui mène à la paix et soutient la stabilité. »
Pendant ce temps, les tractations diplomatiques s’accélèrent. Samedi, le Général Tchiani, chef de la junte nigérienne a reçu pour la première fois une délégation de la CEDEAO conduite par le Général Abdoul Salami Aboubacar. Cette rencontre dont le contenu a été très peu évoqué est un signe qu’il est encore possible de trouver une issue autre que l’intervention militaire.
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Cette intervention, les nigériens la considèrent comme une agression. Dans un message adressé à ses concitoyens vendredi, le chef de la junte a qualifié les forces de la CEDEAO d’une « armée d’occupation » ; avant de menacer qu’une intervention militaire ne serait pas une partie de promenade. Le chef de la junte évoque aussi, et pour la première fois, une durée de trois ans pour la transition. Pendant ce temps à Niamey, des images d’une foule de jeunes se faisant enregistrer pour d’éventuels appuis à l’armée nigérienne en cas d’intervention de la CEDEAO donne à réfléchir sur ce qui pourrait être le résultat de cette intervention.
Alors que la pression monte depuis la dernière réunion des chefs d’état-major de la CEDEAO, l’Algérie a une nouvelle fois interpellé les acteurs ce vendredi. « Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l’option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l’ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls dont notamment un regain de vigueur et d’agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région ». Dans son communiqué, le gouvernement algérien rappelle : « L’histoire de notre région enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d’un surcroît de problèmes que de solutions et qu’elles ont été des facteurs supplémentaires d’affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité. »
Justin AMEDE