Réunis le 24 septembre, la Conférence des Evêques du Togo (CET) s’est prononcée sur la pandémie du coronavirus, la gestion de la crise et le débat autour de la vaccination. Il s’agit pour les responsables de l’Eglise Catholique du Togo de donner des éléments d’appréciation et d’analyse aux populations, pour une prise de décision en leur âme et conscience, soutient la CET.
Les Evêques du Togo ont, après prière, réflexion et discussions, sorti un communiqué sur la crise sanitaire au Togo. Elle a expliqué cette sortie par la nécessité de doter les populations d’éléments d’appréciation afin de les amener à « agir en conscience et liberté ».
La pandémie
Concernant la pandémie elle-même, les Evêques regrettent que sa dangerosité et sa délicatesse soient accentuées par la méfiance d’une bonne partie de la population. De leurs analyses, les pasteurs de l’Eglise Catholique détectent les causes de cette méfiance. Selon la CET, les populations pensent que cette pandémie cache des ‘’non-dits’’ ; des ‘’agendas cachés’’, des ‘’intérêts financiers obscures’’, des ‘’lobbyings des puissants’’. De quoi déplorer le ‘’règne de la pensée unique’’ et ‘’la toute-puissance des gouvernants’’.
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Les Evêques parviennent à la conclusion selon laquelle « si le même effort déployé par les gouvernants pour combattre cette maladie avait été manifesté vis-à-vis des autres pathologies, on aurait évité tant de situations que nous déplorons aujourd’hui… ». Ces situations sont entre autres, « le manque ou l’insuffisance de structures de santé adéquates, d’équipements appropriés, de personnel, de soins de qualité, de moyens pour consulter et payer les soins ». Pour les Evêques ; « tout cela constitue aussi des urgences et des priorités sanitaires dans notre pays »
La riposte
Deuxième point de l’intervention de la CET, la stratégie de lutte contre la crise sanitaire. Analysée sous l’angle du respect de la dignité, de la liberté et des droits fondamentaux de la personne humaine, les Evêques pensent que la stratégie « devrait être basée sur la sensibilisation, la juste information, l’éducation au respect des mesures préventives, le renforcement de l’immunité… »
Si les Evêques encouragent les voies scientifiques, elles fustigent ce qui semble être la mise à l’écart de la foi et donc de Dieu. Occasion pour eux de rappeler l’adage populaire : « le médecin soigne, mais c’est Dieu qui guérit ». Ainsi, l’Eglise Catholique considère que « la fermeture systématique des lieux de culte comme un des moyens de lutte contre la transmissions du virus révèle d’une approche exclusivement biomédicale de la pandémie qui ignore sa réalité psychologique, anthropologique, social et spirituelle ». La Conférence des Evêques a rappelé le constat selon lequel « les lieux de culte, notamment ceux de l’Eglise Catholique sont des endroits où les mesures de prévention sont majoritairement respectées ». La Conférence a alors déploré le paradoxe de laisser ouverts d’autres lieux où ces mesures sont très peu respectées. Ils ont conclu ce point en rappelant également que les lieux de culte ont souvent aussi servi de lieux de refuge en cas de catastrophe…
Convaincre pour vacciner
Le troisième sujet de la Conférence des Evêques a questionné la problématique de la réticence des populations vis-à-vis de la vaccination. Les Evêques ont appelé à comprendre cette hésitation et à ne pas fustiger uniquement les fake news. « On ne peut pas non plus, de façon responsable, balayer du revers de la main tout ce qui se dit sur la fiabilité, l’efficacité, la dangerosité, les effets secondaires et le problème de la conservation de ces vaccins pour la plupart en phase d’expérimentation », ont écrit les Evêques.
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Au Togo, ils ont allés plus loin en demandant le développement de stratégies qui « expliquent et donnent à convaincre par argumentations pour une décision personnelle, libre et responsable ». Conditionner l’accès des bâtiments publics par une preuve de vaccination sont des mesures coercitives, notent la CET qui se demande si elles « ne constituent pas de graves violations des droits élémentaires des citoyens ».
La Conférence des Evêques du Togo a clôturé sa note par un appel à la responsabilité dans les choix, à redoubler d’effort pour la lutte contre la pandémie et, à implorer Dieu pour sa miséricorde.
Carlos Tobias