Eclatée la mi-août, l’affaire ‘’frère Hounvi’’ continue de faire des vagues. L’activiste béninois Steve Amoussou a bien été kidnappé au Togo par des béninois. Des individus qui ne sont ni de la Police ni de la gendarmerie ou d’aucun service de sécurité du Bénin. C’est une communication officielle de la justice togolaise qui vient faire le point et répondre aux questions jusqu’ici restées en suspens.

 

Selon le procureur de la République togolaise, il s’agit d’un kidnapping perpétré en terre togolaise par quatre individus dont l’un occupe une responsabilité importante dans l’administration béninoise. Il s’agit, selon le parquet de grande instance de Lomé, de Ouanilo Médégan, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI-Bénin). Ce dernier s’est fait aider par trois autres béninois dont un visiblement de son club de sport MMA. Les quatre ont reçu l’appui de deux autres personnes résidant au Togo, une béninoise et un étudiant togolaise qui a offert ses services de transport à un des ravisseurs entrés au Togo depuis le 10 août avant de commettre leur forfait dans la nuit du 12 août, selon la justice togolaise.

 

Désormais, le Togo poursuit les personnes impliquées dans cet acte jugé d’enlèvement en terre togolaise. Une information judiciaire est ainsi ouverte pour « faits d’enlèvement et complicité d’enlèvement » conformément aux articles 283 et 284 du nouveau code pénal. La béninoise Priscilla Klébo Démitokpé qui a contribué à l’identification de Steve Amoussou et l’étudiant togolais sont inculpés de complicité de ces faits et déposés à la prison civile de Lomé. Des mandats d’arrêt sont lancés contre les autres acteurs.

 

Mépris du droit et des procédures

 

L’enquête judiciaire menée par le Service central de recherche et d’investigation criminelle (SCRIC) du Togo précise ainsi les circonstances de cet enlèvement. On y apprend qu’il s’agissait d’une opération à laquelle les autorités togolaises n’ont pas été associées, « en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale. » Si au Bénin, on tente de maquiller cette forfaiture en l’appelant une arrestation, le Togo la qualifie d’enlèvement au mépris de toute règle.

 

Quelques jours auparavant, des organisations de la société civile ont fait une sortie à charge contre les autorités togolaises. Estimant qu’aucune communication officielle n’ayant été faite de la part de Lomé, elles ont insinué que « l’implication des autorités togolaises dans cet enlèvement ne souffre d’aucune ambiguïté. » Elles ont ajouté que : « … si une complicité entre l’Etat togolais et Etat béninois n’était pas avérée, l’acte serait considéré comme un affront diplomatique qui viole les conventions sur les relations internationales…» C’est bien ce qu’il faut craindre à ce stade de l’affaire. On le sait tous, Lomé ne communique pas si souvent sur des affaires aussi sensible, surtout quand les éléments nécessaires ne sont pas réunis.

 

Une affaire aussi grave du fait que les personnes intervenues sur le territoire togolais (et sans aucune forme juridique, à en croire désormais la justice togolaise) ne sont visiblement ni de la Police ou de la Gendarmerie béninoise ; alors même que la justice béninoise, institution légalement établie, a pris le relai pour ouvrir une procédure judiciaire contre la victime de ce kidnapping. Une affaire digne de gangstérisme que les avocats de la victime ont vite fait de dénoncer, dès les premières heures.

 

Justin AMEDE