Plusieurs jours après les élections les résultats officiels du scrutin n’ont toujours pas été proclamés. Les rumeurs les plus folles circulent sur les raisons de ce report 6 jours après les opérations de vote. La 1ere chose que notent les observateurs est une formidable entreprise de désinformation. Les médias nationaux -qui sont tous à la botte du parti du pouvoir- s’appuient sur les témoignages des observateurs pour dire que « tout s’est bien passé »…. La patronne de l’organisme chargée de publier les résultats laisse « fuiter » une version limitée des « résultats préliminaires » où le MPLA -au pouvoir- est crédité de plus de 65% des suffrages. Aussitôt, sans attendre les résultats complets, des présidents de pays voisins, le président de la République du Portugal et des médias internationaux dont Euronews annoncent la victoire du successeur de Dos Santos, le Président sortant.

Or, les observateurs internationaux font rapidement savoir que leur mission ne se terminera que lorsque toutes les opérations auront été terminées. Le blanc seing qu’ils ont adressés ne concerne que les opérations de vote et pas le décompte et la publication qui sont encore en cours…. C’est également le point de vue du puissant voisin, l’Afrique du Sud, qui a envoyé des observateurs et qui précise que leur travail continue « jusqu’au 31 aout 2017 » jusqu’à ce que tous les résultats soient connus.

Le commentaire de l’Union Européenne, bref et diplomatique, laisse pourtant poindre des controverses sur le comptage et indique que « ce qui est important c’est que toutes les opérations électorales soient conduites jusqu’à leur terme dans la plus totale transparence et jusqu’à ce que toutes les réclamations aient été déposées dans la légalité ».

Sept membres de la Commission électorale provisoire font savoir dans une conférence de presse qu’ils tiennent la nuit qu’ils se dissocient de l’annonce faite par la présidente de l’organisme et ils rappellent que les résultats officiels ne seront proclamés que lorsque toutes les signatures de membres de la Commission seront rassemblées sur le document final.

Isaias Samakuva, le leader de l’Unita, le parti le plus important de l’opposition ne dit rien d’autre: en résumé, « les résultats ne seront officiels que lorsqu’ils auront été proclamé par l’organisme adéquat dans leur totalité, jusque la il n’y a pas de Président ni de députés ».

Pourquoi cette controverse et l’opération de désinformation ?

Selon certaines fuites qui proviendraient de l’intérieur de la commission nationale électorale, le MPLA n’aurait que 47% des voix au lieu des 65% annoncés jusque la…. L’UNITA recueillerait 40% et les autres partis d’opposition plus de 10,5% des voix….. Si ce décompte est exact, on peut imaginer une coalition majoritaire qui représenterait la fin du parti-état. Cette fois ci, les partis politique d’opposition ont mis sur pied un système de surveillance du scrutin ainsi que des moyens -s’appuyant essentiellement sur les réseaux sociaux- pour le faire savoir à l’extérieur. Pour l’instant, rien ne bouge sur ce front et les sites internet, les comptes twitter et autres WhattsApp sont silencieux….

Toujours selon des fuites provenant du même organisme 3 provinces sur les 18 que comptent l’Angola auraient basculé dans l’opposition dont celle de Luanda, la capitale.

Chacun sait que de toute façon l’ancien Président Dos Santos a les moyens de tirer les ficelles. Chacun sait qu’il voulait présenter son fils et à défaut son neveu pour lui succéder. Chacun sait que le parti a refusé et présente un candidat dans la lignée de ce que fut le MPLA pendant la guerre froide. Ce candidat, s’il est élu -ce qui est quand même plausible- devra composer, de toute façon, avec la famille Dos Santos qui a toutes les clés de l’économie entre les mains par l’intermédiaire d’Isabelle, la femme la plus riche d’Afrique et le fils qui règne sur les milieux bancaires locaux.

 

De Montréal, Yves Loiseau