Gilchrist Olympio assume ses choix politiques et prend sa retraite
Gilchrist Olympio assume ses choix politiques et prend sa retraite

Du haut de ses 81 ans, le 3ème des 5 enfants du premier président du Togo, opposant des premières heures se retire de l’arène politique alors qu’une crise profonde bat son plein depuis 3 mois. Revenu au Togo en 1991 après 25 ans d’exil, le multipartisme prescrit par la conférence nationale souveraine lui permet de fédérer plusieurs partis de l’opposition et de cofonder l’UFC en 1992 qu’il aura dirigé jusqu’au matin de ce mardi 28 novembre 2017 où, lors d’un point de presse, le  «Maréchal»   comme on le surnomme annonce se retirer de l’arène politique. Peut-être, aurait-il une immense fierté d’annoncer un élogieux bilan de l’historique accord en 2010 entre son parti et le régime au pouvoir. Il n’en est malheureusement pas ainsi. Gilchrist Olympio, parle d’un «bilan décevant» qu’il assume néanmoins.

«Mon humble contribution a été de mener cette force d’union, et l’opposition togolaise, pendant un temps vers son objectif ultime. Mais l’avenir, de l’UFC, de la contestation politique, et du Togo, devront demain être imaginés et poursuivis par des jeunes hommes et femmes de moins de 80 ans», a-t-il confié aux médias.

Ancien cadre du FMI,  Expert au secrétariat Général des nations Unies, PDG de grandes entreprises au Ghana et en Côte d’Ivoire, enseignant visiteur à la London School of Economics, Gilchrist fut un brillant économiste qui vivait avant tout de la sueur de son front, nanti d’un parcours professionnel bien garni, avant d’être un opposant féru contre le régime de Gnassingbé Eyadéma. D’ailleurs, les affaires du leader de l’UFC en prendront de grands coups, sa seule chance ayant été qu’il n’ait pas perdu sa vie dans  les multiples tentatives d’élimination physique dont il fut victime. L’une des plus inoubliables, l’attaque de son convoie à Soudou dans le Nord du Togo, en mai 1992 où il perd 12 de ses proches militants et 27 blessés graves dont lui-même.

Remémorant probablement ces longues années de feu, Gilchrist Olympio écrit dans son discours : «Cette lutte a souvent été très dure et nous avons connu de façon très personnelle, les conséquences de sa violence physique (…) Le combat politique que j’ai mené tout au long de ma vie et pour lequel j’ai sacrifié tant de choses a toujours eu pour objectif de libérer mes concitoyens du joug de l’oppression et d’améliorer leurs conditions de vie.»

Cela ne lui a quand même pas valu la faveur de l’opinion et du peuple, qui l’a rejeté sans autre forme de procès à la première occasion, avec en première ligne, Jean Pierre Fabre son très proche collaborateur à qui, il céda pourtant la candidature aux élections de 2010.

Au regard de son parcours dangereux, côtoyant la mort le long du chemin, témoin de centaines de vies prématurément fauchées par l’adrénaline politique, des milliers de blessés par-là, des dégâts matériels partout, Gilchrist s’était  laissé aller à l’envie d’essayer autre méthode : l’accord historique UFC-RPT/UNIR en 2010 pour dit-il « demander au RPT, les mêmes concessions qui sont aujourd’hui une fois encore réclamées par le peuple dans la rue» sans faire autant de victimes.

« Nous ne sommes pas aveugles. Force est de constater que le régime a continué à travers des calculs politiciens à court terme à saper les fondements de cet accord de gouvernement, le rendant ainsi partiellement inopérant»,  a dénoncé Gilchrist qui n’oublie néanmoins pas de relever quelques retombées positives de cet accord en l’occurrence la décrispation du climat politique et un retour des partenaires financiers extérieurs qui s’en étaient allés depuis les années 90.

Quoiqu’il en soit, «Nous assumons le bilan décevant de l’accord RPT-UFC» s’est-il engagé.  Pour le «Maréchal», la lutte doit continuer,  mais dans la non-violence.  «Nous devons reconnaitre que la situation et le contexte politique de notre pays ont changé et rien ne justifierait aujourd’hui un recours irresponsable à la violence. Nous avons déjà erré sur ce chemin sans issue. Il ne mène à rien de bon», conseils l’opposant historique de 81 ans.

Des conseils, il en a aussi pour permettre au Togo de sortir d’une façon durable de l’actuelle crise politique qui sévit. Gilchrist a une prescription de 4 potions :

Que le parti au pouvoir accepte le retour aux fondements de la constitution de 1992 ; Que Faure Gnassingbé accepte ne plus se représenter aux élections de 2020 ; Que l’opposition reste unie, développe un projet clair et admettre la compétition d’idées en son sein ; et enfin, que les partenaires étrangers accompagne l’Etat et ses institutions ainsi que la classe politique à préparer des élections libres, transparentes et libres d’ici deux ans.

Gilchrist Olympio, c’est visiblement toute une vie, un combat politique, des idéologies défendues. L’homme s’en remet au jugement du temps et de l’histoire quant à la sincérité de son engagement. Dorénavant, il laisse la lutte politique à la jeunesse histoire de se consacrer à son combat contre la vieillesse.

Alo Lémou