Jeux paralympiques 2020, Tokyo 2020
Sokodé (Togo)-23 mars 2021. Aliou Bawa dans son centre d'entrainement où il se prépare pour Tokyo 2020. Photo : Ibrahim Mohamed

Faire du handisport une fierté nationale

A 38 ans, Aliou Bawa  prépare sa deuxième participation aux Jeux paralympiques. A Rio 2016, il était septième derrière la France, en moins de 49kg. Le dynamophile veut briller pour toute la nation. Sa détermination lui dope le moral.

Bientôt trois ans qu’Aliou Bawa attend impatiemment les signaux ‘’start’’ et ‘’rack’’ de Tokyo 2020. Ces fameuses consignes des arbitres au début et à la fin des essais. Du haut de ses 1m56 pour 45 kilo, diminué depuis l’enfance par une poliomyélite, le dynamophile a un nouveau rendez-vous avec l’histoire. Il travaille pour maximiser les lumières blanches ‘’Good Lift’’, synonyme de validation des essais.

En 2018, Bawa s’est qualifié pour Tokyo 2020 au championnat d’Afrique à Alger, en terminant troisième avec 115 kilos. Mais, depuis un an, la pandémie du Coronavirus a freiné son élan. « Il me faut deux à trois compétitions de haut niveau avant Tokyo », souhaite l’athlète. Celui qui se fait surnommer ‘’Abebayor’’ veut aller au-delà des médailles des qualifications, du bronze à Brazzaville 2018.

Son ambition : « remporter une médaille paralympique avant la retraite ». Pour lui, c’est un pari ! Celui de présenter sa médaille au président de la République. « Je sais que sans une médaille paralympique pour le pays, je n’aurai jamais la chance de rencontrer en face mon chef d’Etat », murmure Bawa. Avec en mémoire, l’accueil réservé au premier médaillé olympique du Togo en 2008, Benjamin Boukpeti (Kayak). « Que ce soit à Tokyo 2020 ou à Paris 2024, je dois être la lumière du pays, remporter une médaille », se promet Aliou Bawa.

Des entrainements acharnés

La détermination d’Aliou Bawa force l’admiration. Lui qui vit à plus de 340 km de la capitale, à Sokodé (préfecture de Tchaoudjo) où aucun centre d’entrainement aux normes internationales n’est disponible. Cependant, l’athlète affute ses armes dans un club pour personnes valides où des poids en ciment remplacent les barres traditionnelles.

Avec acharnement, le passionné de ‘’force athlétique’’  multiplie les entrainements pour espérer être au haut niveau. De trois séances habituelles hebdomadaires, Aliou Bawa est passé à quatre. Et, il projette de monter à cinq, à deux mois de la compétition qui s’ouvre le 24 août 2021.

« Les quatre premiers jours, je soulève entre 80 et 90 kilo. Le cinquième jour, j’essaierai d’aller au-delà des 120 », programme l’athlète. Sa seule peur : « le coronavirus qui paralyse tout ». Bawa s’est vu annuler une compétition en Colombie le 15 mars, à cause de la pandémie. Outre ce handicap mondial qui dure depuis 2019, le dynamophile reste un ‘’guerrier dans l’âme’’ ; état d’esprit combatif de l’emblématique équipe de foot, ‘’Sémassi de Sokodé’’, baptisée ‘’les guerriers de Tchaoudjo’’.

L’Adébayor Shéyi du Powerlifting !

Aliou Bawa habite Sokodé, une ville de ‘’fanatiques’’ du football. Et comme par hasard, c’est la star nationale de football Emmanuel Adebayor Shéyi qui est sa source d’inspiration. L’athlète est convaincu que ce nom l’accompagne depuis des années. « Lors de mes compétitions, lorsque j’entends des supporters m’appeler ‘’Adébayor’’, mon sang bout et je retrouve de l’énergie », confie l’athlète. Et d’ajouter : «J’avais voulu être footballeur. Mais comme je n’ai pas de pieds, mes bras sont devenus mes pieds ».

En attendant de réaliser son rêve à Tokyo, Aliou Bawa tient son atelier de coiffure à Sokodé.

Carlos Tobias