Les Togolais ont voté ce 29 avril pour élire 119 députés et 179 conseillers régionaux. Les deux scrutins se sont déroulés entre 7h et 16h, heures locales. Le vote s’est déroulé dans le calme, mais non sans quelques difficultés. Constat frappant, la faible mobilisation dans plusieurs endroits. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé, dans un communiqué, les premières tendances sur le taux de participation dès ce lundi. Le point avec des candidats dans certaines circonscriptions électorales.
Des électeurs qui se font désirer
Tous les candidats rencontrés ou joints par notre rédaction ont fait le même constat. Ces élections législatives et régionales n’ont pas drainé de foule. Certains ont cru dans la matinée que la masse sortirait à la mi-journée ou vers la fin des scrutins. C’est une déception presque partout ! « J’ai envie de pleurer. Comment peut-on, à ce point, renoncer au droit de vote », commente un citoyen dans un centre de vote dans le Golfe 6, face au constat. « Et dire que dans ce même centre avant, il y avait du monde, même au dépouillement », laisse-t-il entendre sur un ton de déception.
Si les bureaux de vote ont été presque orphelins toute la journée, ils l’ont été encore plus à la fin du vote, dans plusieurs localités de Lomé. Quelques rares personnes ont pris la peine de revenir dans les centres pour constater les résultats.
En votant dans la matinée, à l’Eglise catholique d’Adidogomé, la candidate de la liste EPA, Niga Boukari a elle aussi constaté cette faible affluence. Ses équipes ont sillonné en matinée l’école catholique d’Adidogomé, le lycée moderne d’Adidogomé,Wonyomé, Ségbé…où elles ont constaté une timide affluence à l’école catholique et Wonyomé.
Même constat pour l’indépendante, tête de liste « Les Engagés », Mimi Bossou Soedjedé dans son centre de vote à l’EPP Aflao Gagkli. Constat partagé aussi par Ismael Mamoudou-Tanko, candidat du NET dans le Golfe. « Dans l’ensemble, je n’ai pas noté d’incident. Mais il faut dire qu’au moment où je votais, il n’y avait pas vraiment de foule », témoigne-t-il.
Au soir du vote, on peut légitimement questionner la motivation des électeurs, lorsqu’on sait que les centres de recensement avaient été pris d’assaut et des jours supplémentaires réclamés pour le recensement électoral.
A l’intérieur du pays, le constat n’est pas si différent. Des sources jointes à Blitta ont confirmé que « l’affluence n’est pas au rendez-vous, mais le vote se déroule dans le calme. » Un de nos confrères dans la région rapporte les déclarations d’un président de bureau de vote à l’EPP Néré, Blitta Gare. « C’est sans doute la pluie de cette nuit qui a fait que les gens ne sont pas encore nombreux pour se bousculer, beaucoup de personnes seraient parties dans leurs champs. Mais ce qui est sûr, ils viendront voter avant la fermeture des bureaux de vote », espérait ce président de BV dans la matinée.
Des couacs signalés
A la sortie de son bureau de vote à l’EPP Hedjranawoé, Me Dodji Apévon, président des FDR s’est confié à la presse. Selon lui, si les Togolais se sont mobilisés pour exprimer leur mécontentement dans les urnes, des anomalies ont été signalées. Selon le président des FDR, il a dû saisir le président de la CELI de Vo pour protester contre des informations venues de Kpéédji où les délégués du parti auraient constaté des anomalies avant l’ouverture officielle des bureaux de vote. Me Apévon dit suspecter des « votes avant l’heure » et confie avoir saisi les autorités locales en charge des élections. Le candidat des FDR émet les mêmes accusations à Klologo toujours dans le Vo. « Dans un certain nombre de circonscriptions électorales, nos listes ne sont pas sur les bulletins de vote, surtout pour les régionales », a déploré le président des FRDR. Selon lui, ces problèmes ont été signalés dans l’Avé, dans les Lacs, dans l’Oti, à Blitta…mais aucune solution n’a été trouvée. C’est une anomalie », fustige Me Dodji Apévon qui rappelle que ces listes ont été validées. « On ne peut pas voter sans nous alors que nos listes ont été validées. On se battra avec nos maigres moyens contre la fraude », a-t-il insisté. Le président des FDR a demandé aux institutions en charge des élections de veiller à la transparence pour que le processus se termine dans la paix, après deux semaines de campagne sans incident.
Des délégués de la liste EPA ont été confrontés à des difficultés d’accéder aux bureaux de vote dans certains centres, a-t-on appris des responsables de la liste. La raison, la simple signature sans cachet sur les mandats aurait été refusée dans certains centres, alors que dans d’autres la question a été vite réglée.
La candidate Mimi Bossou-Soedjedé, tête de liste « Les Engagés » a voté à l’EPP Aflao Gagli. Dans son bureau de vote, elle a vite remarqué des couacs lorsque les membres ont voulu inscrire son nom sur la liste des omis. « Je leur ai demandé pourquoi ils voulaient m’inscrire sur cette liste. Je leur ai expliqué que je suis candidate et leur ai demandé de vérifier mon nom sur la liste d’abord. C’est ce qui a été fait et mon nom a été retrouvé. Je leur ai donc fait la remarque que ce n’était pas normal », a témoigné Mme Mimi Bossou-Soedjedé, joint au téléphone par la rédaction. La candidate a d’ailleurs partagé son constat dans une vidéo Youtube publiée après son vote.
De quoi faire réfléchir la tête de liste « Les Engagés » qui se demande si le problème relève d’un manque de formation ou des consignes mal données aux membres des bureaux de vote. Une question à laquelle elle n’a pour l’instant pas eu de réponse.
Manque d’informations
Tôt ce lundi matin, nos équipes ont rencontré des électeurs qui pouvaient à peine s’orienter dans les centres de vote. D’autres avaient du mal à savoir pour quelles élections ils venaient voter. Bon nombre d’électeurs n’ont pas eu connaissance du dédoublement des centres de vote. « Beaucoup n’ont pas été informés du 1010 pour retrouver leurs centres de vote. Or, il se trouve que beaucoup ont été déplacés dans d’autres centres de vote et ils ne le savent pas », regrette Mimi Bossou-Soedjedé.
La candidate confie s’être orientée elle-même grâce au 1010 de la CENI.
Grands enjeux politiques
Les élections législatives et régionales de ce 29 avril sont déterminantes pour le Togo. Si le changement de la constitution voulu par le parti au pouvoir UNIR et ses alliés est acté, avoir la majorité parlementaire serait synonyme d’être aux commandes du pays pour les six prochaines années. De cette nouvelle constitution dont on ne sait pas encore grand-chose, pourrait dépendre l’avenir politique du pays. Selon cette nouvelle constitution, ce sont les députés qui devront élire le président du conseil des ministres. De même, les conseillers régionaux élus pour la première fois seront au cœur de la constitution du prochain sénat, lequel pèsera dans la désignation du président de la République dont le rôle sera honorifique ; en cas de passage au régime parlementaire.
C’est donc dans ce contexte que se tenaient les scrutins de ce 29 avril. Les électeurs ont pu voter dans le calme, un peu partout sur le territoire.
Faure Gnassingbé, président de la République et chef du parti UNIR a voté dans le nord à Pya. Il s’est félicité du bon déroulement du vote.
Avec l’ensemble de nos équipes sur le terrain