Komi Wolou, Secrétaire général du Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR) s’est prononcé sur « les tensions » à l’Université de Lomé, dimanche. Invité de l’émission D12 de Pierrot Attiogbé sur Pyramide FM, une radio locale, le professeur Wolou décryptait une semaine d’actualité au Togo.
L’Université de Lomé a occupé une part essentielle dans l’entretien entre le professeur Komi Wolou et son hôte. L’enseignant de droit à l’Université de Lomé est revenu sur le climat social sur le campus, notamment dans le rang des enseignants. Selon lui, ce climat s’est dégradé. « Même s’il y a des réalisations », Komi Wolou estime que « l’Université, ce ne sont pas que des infrastructures. Mais c’est un esprit, un climat social », a-t-il lâché lorsqu’il se prononçait sur le bilan du président sortant Dodzi Kokoroko.
Une appréciation relative
Selon lui, ceux qui collent l’image de ‘’bâtisseur’’ au professeur Dodzi Kokoroko ont certainement leurs raisons. Professeur Wolou a estimé qu’il faut tenir compte des moyens dont on dispose pour ces réalisations. Le SG du PSR a laissé entendre que certains projets réalisés par le président sortant étaient déjà dans le pipeline au moment des présidents précédant le professeur Kokoroko. Il veut donc inscrire les réalisations de ce dernier dans la suite des actions de ses prédécesseurs.
Le SG du PSR porte un regard critique sur plusieurs faits ayant marqué la présidence Kokoroko. La convocation récente du doyen de la faculté du droit par devant une commission de discipline est selon lui une procédure anormale qu’il espère voir abandonner. A en croire le professeur Wolou, la tension était palpable dans le rang des enseignants. Il a fustigé la « mise en mal du droit syndical » des enseignants. « C’est comme si on nous interdisait ce droit fondamental. Et si on en arrive à cela à l’Université, c’est suffisamment grave », a argumenté l’enseignant-chercheur.
Si le journaliste dit ne pas comprendre la tension dont parlait son invité, lui rappelant que l’UL ne connaît plus les mouvements de grèves comme dans le passé, la réponse du SG du PSR est sans équivoque. « L’absence de grève n’est pas un baromètre d’évaluation de la cohésion sociale », a-t-il répondu. Il a ajouté : « si vous avez des étudiants qui ne font pas de grève, tant mieux, c’est une bonne chose ». Mais, continue-t-il : « est-ce qu’ils ont trouvé satisfaction ou sont-ils terrorisés ? » Pour lui, l’université ne peut pas « former des personnes résignées, mais former des étudiants en mesure de faire des revendications et avec qui on est en mesure de discuter. Il ne s’agit pas de revendiquer pour revendiquer mais de façon légale, en prenant en considération les difficultés de l’Etat, de la situation du pays. Il ne faut pas que leur attitude soit le fruit d’une crainte. »
Il a martelé que la liberté d’expression doit s’exercer dans une université, rappelant que la liberté fait partie de la recherche et doit être acquise pour les enseignants-chercheurs qu’ils sont. Sur ce point, il espère voir évoluer la situation.
Faire plus pour la faculté de droit
Parlant de sa faculté, le professeur Komi Wolou dit ne pas être satisfait de l’encadrement des étudiants depuis quelques années à la faculté de droit. Occasion pour lui de rappeler quelques anciennes propositions faites pour remédier la situation, à l’instar de la construction d’infrastructures pour des travaux dirigés. Ces travaux ont récemment abouti croit savoir le professeur. Il espère qu’ils bénéficieront à la faculté de droit. Sur le récent classement de l’Université de Lomé, il relativise.
Le SG du PSR, enseignant-chercheur a aussi dénoncé la récente décision du ministère de tutelle exigeant des enseignants des Universités publiques une demande d’autorisation avant des interventions à l’extérieur. Le candidat malheureux à la présidentielle de 2020, le professeur Wolou poursuit : « s’ils ont diagnostiqué de vrais problèmes en estimant que certains abandonnent leurs cours, la solution préconisée n’est pas la bonne. » Il appelle à « identifier et sanctionner » les éventuels fautifs, et non l’imposition d’une autorisation pour tous les enseignants des Universités publiques.
L’Université de Lomé a été dirigée durant les sept dernières années par le professeur Dodzi Kokoro. Ce dernier s’est illustré dans la transformation de l’image de l’Université de Lomé. La partie la plus visible au public était les infrastructures. L’homme est ainsi applaudi par plus d’un et surtout par des étudiants eux-mêmes. Depuis le 6 septembre, il a officiellement passé le témoin au professeur Adama Kpodar.
Carlos Tobias